DU MÊME AUTEUR

Romans policiers

Le Curieux, Éditions N° 1, 1986.

Pièges, Robert Laffont, 1998.

Quand les brochets font courir les carpes, Fayard, 2008.

Meurtre à l’Assemblée, Fayard, 2009.

Essais historiques

La Justice au XIXe siècle. Les magistrats, Perrin, 1980.

La Justice au XIXe siècle. Les républiques des avocats, Perrin, 1984.

Les Oubliés de la République, Fayard, 2008 (prix Agrippa d’Aubigné 2008).

Dynasties républicaines (avec Gilles Gauvin), Fayard, 2009.

En tête-à-tête avec Charles de Gaulle (illustrations Philippe Lorin), Gründ, 2010.

Essais politiques

Les Idées constitutionnelles du général de Gaulle, Librairie générale de droit et de jurisprudence, 1974 (prix Edmond Michelet 1974).

Le Pouvoir politique, Seghers, 1976.

Le Gaullisme (avec Michel Debré), Plon, 1978.

En mon for intérieur, Lattès, 1997.

Le gaullisme n’est pas une nostalgie, Robert Laffont, 1999.

La laïcité à l’école, un principe républicain à réaffirmer, Odile Jacob, 2004.

Qu’est-ce que l’Assemblée nationale ? L’Archipel, 2006.

À Camille,
Gabrielle,
Aurèle
et Vivienne
À Bruno et Séverine

À la mémoire d’Henri Cuq

Principaux personnages

Michel Binebin, directeur de cabinet du ministre de l’Intérieur.

Patrick Briou, directeur central de la police judiciaire.

Marietto Calderonne, parrain de la Mafia sicilienne.

Jean-Yves Cazenave, actuel préfet de police.

Vincent Charvet, commissaire divisionnaire, patron de la brigade criminelle.

Clotilde de Ferret de Piraillan, dite Clotilde Ferret, juge d’instruction au tribunal de Paris.

Denis Javier, ancien collaborateur du ministre de l’Intérieur, adjoint au directeur administratif de la Sotemsi.

Olivier Lejeune, greffier de la juge d’instruction Clotilde Ferret.

Jacques Lepavoux, commandant de police, chef d’un groupe d’enquêteurs de la brigade criminelle.

Lionel Marinon, ancien Premier ministre.

Philippe Oursel, enquêteur à la brigade criminelle.

Marc Poirier, ancien policier au SPHP (service de protection des hautes personnalités).

François Régent, ministre de l’Intérieur.

Raoul Rovérédo, ancien préfet de police.

Claude Sisteron, avocat de Denis Javier.

Yann Tourneur, procédurier à la brigade criminelle.

Pierre Vaubar, enquêteur à la brigade criminelle.

Chapitre premier

Après avoir inauguré, en compagnie de nombreux notables civils et militaires de la région, la Foire internationale de Lyon, François Régent, ministre de l’Intérieur, préside le traditionnel banquet des élus locaux.

À sa droite, la femme du président du conseil général, peinturlurée pour l’occasion, ne cesse de vanter les mérites de son époux d’une voix éraillée par un usage immodéré de la cigarette. Elle loue son dévouement aux autres, qui selon elle justifie une promotion dans l’ordre de la Légion d’honneur, juste récompense pour « lui qui n’a jamais rien demandé en sa faveur ». À sa gauche, l’épouse sympathique mais intimidée du président de l’Association des maires demeure pratiquement muette. Mais peu importe ses deux voisines : le ministre a manifestement l’esprit ailleurs.

Il ne prête guère attention non plus aux autres convives. Il écoute ce qui se dit autour de lui sans vraiment l’entendre. La conversation des uns et des autres ne l’intéresse pas, mais, en bon professionnel de la politique, rodé par une solide expérience des banquets, il fait semblant et donne l’impression d’être attentif et captivé : il hoche la tête quand il faut, sourit lorsque c’est nécessaire, répond sans vraiment avoir écouté, pose des questions machinalement. À ses voisines il demande le prénom de leurs enfants et ce qu’ils font, alors qu’il s’en fiche éperdument. Auprès d’un maire venu le saluer il s’enquiert du nombre d’habitants de sa commune, reçoit la réponse sans la retenir. Ainsi, nul ne se rend compte qu’il a rejoint un autre monde, celui où les songes règnent en maîtres…

Phase incontournable, la séquence des allocutions commence : pas de banquet d’élus sans ces interventions de fin de repas, qui sont à la République ce que les sermons sont aux offices religieux. Partie intégrante de la liturgie républicaine, elles sont en général interminables et le plus souvent dépourvues d’intérêt.

Le président de l’Association des maires puis le premier magistrat de Lyon s’expriment tour à tour. Se succèdent ensuite à la tribune le président du conseil général et celui de la Région. Pour le bon équilibre, et afin d’éviter des agacements préjudiciables à l’octroi de subventions, les organisateurs du banquet laissent les deux présidents, adversaires de toujours, vanter leurs politiques respectives. Un député, qui heureusement s’exprime au nom de tous ses collègues parlementaires, conclut cette fastidieuse litanie.

Le chef de cabinet du ministre s’impatiente et ne cesse de consulter sa montre : personne ne respecte ses recommandations. Venu quelques jours auparavant préparer le déplacement de son patron, il avait bien précisé que les interventions ne devaient pas excéder cinq minutes. Peine perdue : l’occasion est trop belle pour ne pas se mettre en avant, vanter son bilan, montrer combien l’on est satisfait de soi-même. Les élections régionales et municipales pointent à l’horizon politique et les discours ont déjà des accents de campagne.