1973
 
janvier
8 – Guy Debord signe un contrat avec Simar Films pour la réalisation de La Société du spectacle.
mai
1er – Asger Jorn, né le 3 mars 1914 à Vejrum dans le Jutland, meurt à Århus, Danemark. Il sera inhumé le 22 juin à Grötlinbo, dans l’île de Gotland.
août
20-26 – Enregistrement au magnétophone du texte dit par Guy Debord pour le film La Société du spectacle.
novembre
– Guy Debord achève la réalisation de son film La Société du spectacle, dont le commentaire est entièrement composé d’extraits de son livre publié en 1967.
Long métrage (90 min), 35 mm, noir et blanc. Produit par Simar Films; laboratoires G.T.C. ; monteuse : Martine Barraqué ; assistante monteuse : Manoela Ferreira ; chef opérateur pour le banc-titre : Antonis Georgakis ; assistant opérateur au banc-titre : Philippe Delpont ; assistants réalisateurs : Jean-Jacques Raspaud et Gianfranco Sanguinetti ; documentaliste : Suzanne Schiffmann ; ingénieur du son : Antoine Bonfanti ; directeur de la production : Christian Lentretien.
Musique : Michel Corrette, sonate en majeur, pour violoncelle et clavecin.
Voix off : Guy Debord.
Ce film est dédié à Alice Becker-Ho.

26 – Première projection privée.
À Gérard Lebovici
[Janvier]

Éléments pour le contrat du film La Société du spectacle 1

– L'auteur adaptera son livre La Société du spectacle en un film de 90 minutes, en 35 millimètres, noir et blanc, film dont il assumera seul la réalisation. – L'auteur accomplira ce travail en toute liberté sans contrôle de quiconque, et sans même entendre quelque observation que ce soit, sur aucun aspect du contenu ni de la forme cinématographique qui lui paraîtra convenable de donner à ce film. – L'auteur s'engage à réaliser en tout cas le film en se tenant dans les limites d’un budget total de un million de francs, cette somme étant toutefois calculée sur la base des prix pratiqués par la profession en juin 1972, tels qu’ils apparaissent dans le budget établi par la Société du Film le 8 juin 72 ; et indexée sur toute modification qu’ils auraient subi ou pourraient subir après cette date. – Le paiement de l’auteur, compris dans ce budget, sera de cent cinquante mille francs, le tiers de cette somme lui étant versé à la signature du présent contrat, le restant à l’achèvement du film. L'auteur recevra en outre 20 % des bénéfices de l’exploitation du film. – Sauf le cas d’un retard que pourrait subir le producteur dans ses recherches visant à parachever le financement du film – retard dont l’auteur accepte l’éventualité; ou tout autre cas de force majeure, notamment politique, le film sera réalisé en France et dans un délai de huit mois à partir de la signature du contrat. Ce délai se décompose en deux périodes de quatre mois, la première période correspondant à l’écriture du film et à la recherche des documents cinématographiques et autres, la seconde correspondant au tournage et au montage. C'est entre ces deux périodes qu’il sera loisible au producteur d’introduire le temps d’interruption qui pourrait lui paraître nécessaire.
À Gianfranco Sanguinetti
Mercredi 3 janvier 73

Cher Gianfranco,

J’ai reçu hier ta lettre (non-exprès) du 24 décembre, timbrée à Florence le 27. C'est déjà beaucoup plus rapide2. On ne peut vraiment plus faire aucun calcul, même pessimiste, sur le rythme des postes. Le dadaïsme y règne.
Je suis donc d’accord sur le planning 3 que tu y formules. Espérons seulement qu’il sera, cette fois, respecté.
J’insiste aussi, comme je te l’écrivais le 31 décembre, sur la nécessité de presser Silva4.
Ces Gallimard-Vaneigem sont amusants. Il suffit de ne pas répondre.
Je te renvoie ta lettre à l’avocat florentin, qui est splendide; et me rappelle quelque peu La Mandragore 5. Je crois aussi que le procédé (bloquer le montant du loyer6 est bon. Mais il faut que tu voies maintenant l’avocat : peut-être n’a-t-il pas le droit de garder lui-même ce dépôt, et faut-il le verser à quelque organisme plus officiel (qui est en France « la Caisse des dépôts et consignations ») ?
Ici, tous les sondages indiquent « l'union de la gauche » victorieuse aux élections de mars7. Je ne sais ce qu’il faut en penser. En tout cas, les gaullistes sont en pleine panique. Le principal effet politique qu’on pourrait dans ce cas escompter, ce serait, pour toi, le départ de Marcellin. Mais cela même n’est pas sûr. As-tu des nouvelles du funeste curé de Montefiorale 8 ? Peux-tu tirer l’affaire au clair?