1.
Ecartant les photographes qui les attendaient sous la pluie, Leandro Demetrios fit entrer la jeune femme chez lui et refermera la porte derrière eux.
– Tu as vu leurs têtes ? Tu leur as fait peur !
L'excitation pointait dans sa voix. Comme Leandro traitait sa remarque par le mépris, elle enchaîna :
– Tu es beaucoup plus efficace que mes gardes du corps. Et aussi musclé qu’eux…, se réjouit-elle en laissant sa main aux ongles rouge vif descendre le long de son épaule. Mais pourquoi ne pas passer par la porte du jardin, tout simplement ?
– Je refuse de me cacher pour rentrer chez moi, répliqua Leandro. Et tu es ravie d’être vue avec moi, n’est-ce pas ?
– Ça, nous avons été vus ! Demain, toute la presse racontera comment tu tiens les paparazzi à distance.
– Je ne lis que les pages financières.
– Précisément celles que je ne lis pas. Je ne sais faire qu’une chose avec l’argent – le dépenser, soupira-t-elle. Toi, en revanche, tu en amasses à la pelle… Mais qu’est-ce que tu as ? Pourquoi cet air maussade ? Allons, souris-moi… Je ne suis à Londres que pour vingt-quatre heures, profites-en.
Elle baissa les cils de façon provocante.
– Mon Leandro, si beau, si sexy, mon milliardaire grec à moi…, minauda-t-elle. Maintenant que nous sommes enfin seuls, qu’allons-nous bien pouvoir faire de notre soirée ?
Leandro ôta sa veste et la posa négligemment sur le dossier d’une chaise.
– Si tu n’es pas sûre d’aimer la réponse, tu peux partir tout de suite.
Elle éclata d’un rire profond, séducteur.
– Personne ne me parle comme ça, tu sais ! Mais ça me plaît. C'est très… excitant. Le fait que je sois une star internationale ne t’impressionne absolument pas.
Elle passa le bout de sa langue sur ses lèvres rouge cerise.
– Mais si je te souhaitais une bonne nuit et que je rentrais à mon hôtel, là, maintenant, comment réagirais-tu ?
– Je te laisserais partir, répondit Leandro en envoyant sa cravate rejoindre sa veste.
Puis il la regarda enfin dans les yeux.
– Nous savons tous les deux que tu n’as pas l’intention de t’en aller. Tu désires la même chose que moi, alors cesse cette petite comédie et monte au premier. Ma chambre est au bout du couloir, dernière porte sur la gauche.
– Quel macho ! s’exclama-t-elle en se collant à lui, extasiée. D’après le sondage de la semaine dernière, tu es le play-boy le plus sexy du monde. Je commence à le croire.
Las de cette conversation, Leandro referma une main sur son poignet minuscule et l’entraîna vers l’escalier. Elle laissa échapper un petit cri ravi.
– Tu te moques vraiment de ce que les gens pensent de toi, n’est-ce pas ? C'est ce qui fait ton charme. Mais il y a quelque chose de spécial entre nous, je le sens.
Elle le devançait maintenant, balançant lentement les hanches, de la démarche qu’elle avait dû mettre au point pour les caméras se dit Leandro.
– Cela s’appelle le désir, répondit-il d’une voix rauque.
Elle se retourna avec un regard de défi.
– As-tu déjà eu une relation sérieuse avec une femme ? J’ai entendu dire que tu avais été marié pendant une courte période.
Leandro s’immobilisa. Une très courte période, songea-t-il.
– En ce moment, j’apprécie plutôt le changement.
– Chéri, avec moi, tu vas en avoir, dit-elle de la voix douce et voilée qui lui rapportait des millions de dollars. Je meurs d’envie de découvrir si ce qu’on dit de toi est vrai. Tu es aussi méchant garçon que tes conquêtes le racontent ?
– Aussi méchant qu’elles. Ne t’en fais pas, tu ne vas pas être déçue.
– Eh bien allons-y, dit-elle avec un petit rire.
Regardant enfin autour d’elle, elle ne put retenir une exclamation.
– Tous ces tableaux ! Il paraît que ce sont de bons placements. Quand ils sont authentiques. Et ils le sont, n’est-ce pas ? J’ai horreur du faux.
– Bien sûr, approuva Leandro en la contemplant d’un œil sardonique.
A son avis, cette femme était à quatre-vingt-dix pour cent fausse. Elle ne savait même plus être elle-même, il l’avait remarqué au cours du peu de temps qu’ils avaient passé ensemble.
Et cela lui convenait tout à fait. Plus elle était creuse, mieux c’était. Au moins, il savait à qui il avait affaire.