DU MÊME AUTEUR

Qui a peur des années 80 ?, en collaboration avec Nicolas Mélot, Le Rocher, 1980.

La Vie, avant, pendant, après et ailleurs, en collaboration avec Jean-Yves Casgha, Philippe Lebaud éditeur, 1989.

Objectif succès, De Vecchi, 1988 ; De Vecchi/Poche, 1992.

L’Art de gérer son temps, De Vecchi, 1989 ; De Vecchi/Poche, 1990.

Musique et Spiritualité, entretiens avec Monique Deschaussées, Dervy-Livres, 1990 ; rééd. Dervy, 1996.

Et le divin dans tout ça ?, entretiens avec Jean Charon, Albin Michel, 1998.

Psi, enquête sur les phénomènes paranormaux, Presses du Châtelet, 1999 ; J’ai Lu, 2001.

Soyez zen, Presses du Châtelet, 2000.

Soyez yang, Presses du Châtelet, 2002.

La Psy, mode d’emploi, ouvrage collectif, Marabout, 2003.

Le présent ouvrage constitue une édition revue et augmentée de Channels : les médiums du Nouvel Âge, L’Age du Verseau, 1989.

 

 

 

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eISBN 978-2-8459-2583-0

 

Copyright © Presses du Châtelet, 2003.

Introduction à la nouvelle édition

Ah, les Salons de la parapsy et les Festivals de la voyance ! Aussi loin que je me souvienne, je les ai toujours fuis… Pourtant, au cours des mois qui ont suivi la première parution de Channels, il m’a bien fallu y passer. Par curiosité, peut-être. Mais ce n’était pas le plus important : je voulais surtout y constater par moi-même l’apparition d’un très curieux phénomène qui m’avait été signalé par des amis bien intentionnés.

À la fin des années 80, premier journaliste à publier une enquête sur le sujet, j’avais importé les termes de «  channel » et «  channeling » en France. Dans un domaine aussi sensible que celui des phénomènes paranormaux, c’était en quelque sorte un privilège, mais aussi une drôle de responsabilité. Le livre avait connu un bon succès, et avait bénéficié d’une couverture de presse aussi considérable qu’inattendue. Au point que Channels avait été, je crois, le déclencheur d’une certaine «  mode » du channeling dans notre pays. Malheureusement, elle avait de curieux effets secondaires. Notamment, dans les couloirs des Salons de voyance et autres festivals de l’étrange. Je voulais voir de mes propres yeux ce dont on m’avait parlé. Et j’ai vu…

Traditionnellement, sur la devanture des petits box qui leur sont réservés, les voyantes, diseuses de bonne aventure, tireuses de tarots et autre Madame Irma, rivalisent d’ingéniosité pour attirer le client à grand renfort de placards aguicheurs : «  Meilleure voyante de l’année », «  Prix international de parapsychologie », «  Vu à la télé », et ainsi de suite. Mais, depuis le début de l’année 1990, on pouvait aussi voir, sur une petite affichette supplémentaire parfois griffonnée à la hâte, une nouvelle qualification : «  CHANNEL. »

Chaque fois que cet abracadabra était mentionné, je suis entré, incognito, dans l’officine en contreplaqué ; chaque fois, je me suis trouvé face à l’une de ces praticiennes de la voyance, au demeurant fort sympathique, mais dont la consultation n’avait rien à voir avec le channeling. Ni même avec la voyance, d’ailleurs… Ce genre de mésaventure montre combien le terme «  channel » s’était rapidement implanté. Pas toujours à bon escient, puisqu’il ne désigne ni la voyance ni le contact avec les morts.

 

C’est en raison de l’impact de ce livre auprès du public, notamment des personnes intéressées par les phénomènes paranormaux, que, pour beaucoup, rééditer Channels était une évidence. En tout cas, bien plus que pour mon éditeur qui a failli succomber à une attaque de panique subite lorsque j’ai voulu imposer le titre. «  Personne ne connaît ! » Eh bien, non, personne ne connaissait. Mais c’était ça ou rien…

La première édition de ce livre a eu une résonance à laquelle je ne m’attendais pas. Dans les mois qui ont suivi sa parution, j’ai reçu une quantité considérable de courrier. Pour la plupart, des témoignages de personnes qui étaient entrées spontanément dans un processus de channeling et qui, enfin, pouvaient partager leur expérience, pouvaient lui donner un nom. C’est ainsi que m’ont été adressés, parfois en vrac, des kilomètres de textes reçus «  sous inspiration ». Leurs auteurs, souvent, espéraient être publiés. De toute évidence, ce phénomène n’était pas une nouveauté ; il était bien là, installé, peut-être quelque part dans l’inconscient collectif, et ne demandait qu’à s’exprimer.

Si la «  mode » du channeling semble passée, ce n’est qu’en apparence seulement. Disons plutôt que c’est la «  mode médiatique » qui s’est essoufflée : les facultés étranges de l’esprit humain font rarement l’objet de reportages sérieux, surtout lorsqu’il n’y a aucune image sensationnelle à diffuser. Auquel cas, les télés n’y trouvent aucun intérêt… Pourtant, le phénomène est toujours aussi vivant : il n’est pas rare que, quinze ans plus tard, je reçoive encore du courrier de personnes qui ont découvert Channels dans un grenier, chez un bouquiniste, dans une bibliothèque, et s’enthousiasment pour cette forme de médiumnité qui, si elle existe depuis que le monde est monde, semble donner une ouverture nouvelle vers d’autres dimensions de l’esprit. Très récemment, d’ailleurs, un ami éditeur à qui je signalais la sortie prochaine de cette nouvelle édition me disait que, aujourd’hui encore, il ne se passait pas une semaine sans qu’il reçoive le manuscrit d’un nouveau channel français…

 

Ce reportage qui a paru à la fin des années 80 est donc ici réactualisé, largement revu et corrigé, complètement restructuré. Il comporte d’autres informations, des réactions de lecteurs, des compléments d’enquête, d’autres reportages, d’autres rencontres, d’autres expériences.

Mais attention : il n’est pas dans mon intention de vous dire «  l’Au-delà existe, je l’ai rencontré », de décrire d’autres mondes en proclamant «  voilà ce qui est », de prévenir que «  tout est en train de changer », ni de faire la moindre affirmation dogmatique. J’ai simplement voulu partager un certain parcours pour vous inviter à vous interroger sur vos propres conceptions de la réalité et, peut-être, à apprendre à regarder le monde tel qu’il est et non tel qu’on vous demande de le voir.

I

PÉRIPLE EN TERRE DU POSSIBLE

Il s’appelle Kevin Ryerson, du moins pour l’instant. Il entre dans l’appartement de Shirley MacLaine, s’installe tranquillement sur un fauteuil et, sans faire plus de mondanités, ferme les yeux. Pas pour s’endormir, même si l’actrice atténue l’éclairage de son salon.

«  Bon, je m’en vais ! On se revoit tout à l’heure », dit-il.

Pourtant, il ne bouge pas. Shirley met en marche un magnétophone à cassette. Toujours les yeux fermés, et après une profonde respiration, Kevin ouvre la bouche : «  Hum… Je suis John. Salutations ! Veuillez vous identifier et préciser le but de votre réunion… »

Voilà maintenant que Kevin s’appelle John et a changé de voix… Sans coup férir, la très hollywoodienne actrice entame une curieuse conversation avec cet étrange personnage dont on se demande s’il plaisante ou s’il est sérieux. En tout cas, il parle… avec une autre voix. Répétition entre deux comédiens ? Non, c’est une vraie conversation qui prend une tournure bien sérieuse : «  L’homme refuse d’accepter qu’il est en possession de la vérité depuis le commencement des temps, explique cette voix. Il refuse sa propre responsabilité. Avec Dieu, il est le cocréateur de l’Univers.  » Ce n’est pas tout à fait ce que l’on nous a appris au catéchisme… mais John poursuit : «  L’esprit est le reflet de l’âme. L’âme est le reflet de Dieu. L’âme et Dieu sont éternels et sont en chacun de nous. » Propos peut-être un peu plus standard, mais en tout cas plus faciles à accepter…

«  Pause. Une autre entité désire parler… »

Une autre… entité ? ! Kevin Ryerson, toujours yeux fermés, entame un festival de mimiques dignes d’un concours international de grimaces.

«  Ici McPherson. Tom McPherson. Comment ça va ? »

Une autre voix, complètement différente, avec un drôle d’accent et une façon amusante de s’exprimer. Shirley s’esclaffe. Je suis sidéré. Kevin Ryerson tousse, hésite, se racle la gorge.

«  Excusez-moi, dit l’actrice, est-ce que vous avez un problème avec la gorge de Kevin ?

Oh ! rien. J’ai juste un peu de mal à ajuster mes vibrations à celles de l’instrument. Dans l’Au-delà, nous avons des fréquences vibratoires différentes. »

Et Kevin Ryerson/John/Tom McPherson de demander du thé, de se plaindre de la tasse qu’il ne trouve pas à sa convenance, et de dire qu’il préfère les chopes de verre qui se trouvent dans le placard de la cuisine. C’est pourtant la première fois que Kevin rencontre l’actrice et il n’est pas censé connaître le contenu des placards de son appartement.

 

C’était un lundi soir de novembre 1986. Nous étions, en Amérique du Nord, 28 millions d’âmes – incarnées ! – à assister à cette scène sur nos écrans de télévision. Le lendemain, panique chez les libraires : le dernier livre de Shirley MacLaine, L’Amour foudre *1, qui en était déjà à son trentième tirage, est en rupture de stock à la fin de la journée. Aux États-Unis, il faut le faire. C’est précisément cette scène qui a mis toute l’Amérique en transe. Pourquoi ?

Shirley avait fait passer une note dans la plupart des magazines de télévision pour expliquer que, dans la mini-série adaptée de son autobiographie, elle n’avait rien inventé. Tout s’était passé comme nous avions pu le voir : Kevin Ryerson est un «  channel », un médium si l’on préfère, qui a la particularité d’entrer dans une transe profonde pour faire disparaître sa propre personnalité et laisser s’exprimer des entités désincarnées, des êtres de l’Au-delà ! L’actrice avait également précisé que ce que nous avions vu à la télé n’était ni un trucage, ni une performance d’acteur : tout cela s’était bien passé en direct, face à la caméra et à une équipe de tournage bouleversée. Les entités en question – John et Tom McPherson – s’étant juste contentées d’apprendre une partie de leur texte et à bien se tenir devant une caméra…

Voici ce qui m’avait stupéfait : une personnalité telle que Shirley MacLaine, capable de montrer, sans aucune gêne, un médium investi par des entités. Imaginez qu’en France Catherine Deneuve fasse un film autobiographique et montre une expérience avec un médium tout en déclarant : «  Si, si, c’est vrai, ce sont réellement des êtres désincarnés qui s’expriment par la bouche de ce monsieur ! » Imaginez…

 

On le sait, l’Amérique du Nord est une terre où tout est possible. Ce qui n’empêche pas les chocs conceptuels. Surtout pour un Européen.

C’est ma voisine, lorsque j’habitais à Montréal, qui était venue frapper à ma porte le samedi soir : «  Demain le film de Shirley MacLaine passe sur le réseau américain. Il faut absolument que tu le regardes, je suis sûre que cela va t’intéresser. » Je n’étais pas convaincu. L’Amour foudre est le troisième volume de la biographie de l’actrice. D’après ma voisine, qui l’avait lu, Shirley y racontait sa vie, un véritable parcours initiatique, profond, engagé, parfois exalté, qui l’avait menée à la spiritualité. En novembre 1986, ce genre de sujet était loin de mes préoccupations quotidiennes. J’avais mis de côté pour un moment la grande enquête sur les phénomènes paranormaux2 engagée quelques années auparavant pour préparer mes récitals de piano et, surtout, travailler sur un sujet très éloigné de toute aspiration spirituelle : les Hell’s Angels ! Avec Carole de Vault, une journaliste bien connue au Québec, je menais une enquête sur ces motards hors-la-loi, ces «  anges de l’Enfer » qui sévissaient par milliers outre-Atlantique. Tous les jours, nous étions soit au palais de justice pour assister au procès d’une poignée de Hell’s accusés de meurtre ; dans les bureaux de la Sûreté du Québec où nous avions établi notre quartier général pour dépouiller les archives ; ou en train d’arpenter en catimini, sous la protection rapprochée des policiers qui nous aidaient, des endroits aussi glauques que nauséabonds et dans lesquels il valait mieux ne pas s’incruster. Une vraie tranche de roman d’espionnage. Très loin, donc, de l’évolution intérieure de Shirley MacLaine. D’autant plus que ma camarade Carole n’était pas femme à s’adonner au mysticisme et à la contemplation.

 

Ma bonne voisine avait tant insisté que j’ai fini par céder. Téléphone débranché, bouteille de Coca et paquet de chips au vinaigre sur le côté du lit – histoire de me fondre à l’Amérique profonde ! –, j’étais prêt à affronter la première partie de cette mini-série télévisée, un film d’environ six heures diffusé en deux soirées consécutives. Je m’attendais à mourir d’ennui. Une heure et demie de cheminement spirituel, fût-il celui de Shirley MacLaine, me paraissait long a priori. Mais six heures !…

Vraie bonne surprise : un film superbe, des images somptueuses, une réalisation parfaite, et un scénario bien ficelé. C’est vrai, le cheminement de l’actrice était passionnant. Du Pérou, où elle était partie à la recherche des extraterrestres, jusqu’en Suède où elle a assisté à d’étranges phénomènes de médiumnité, Shirley passait en revue toutes les questions liées à l’existence de l’âme et d’une survie dans l’Au-delà. Mais, surtout, il y avait cette expérience avec Kevin Ryerson. Une démonstration certainement assez stupéfiante pour avoir provoqué l’explosion du «  channeling  » dans son pays. Assez, en tout cas, pour m’avoir donné l’irrésistible envie de commencer une enquête sur ces mystérieux et «  nouveaux » médiums. Mes activités simultanées de pianiste et de journaliste me posaient déjà des problèmes d’organisation. Entamer une deuxième enquête sans abandonner celle – déjà éprouvante – sur les Hell’s Angels risquait de réduire mon temps de disponibilité et de soulever des tempêtes de protestations de la part de Carole. Ça n’a pas manqué. Mais il a bien fallu qu’elle s’y fasse…

 

D’un côté, les anges de l’Enfer.

Le monde de la matière, des paumés, de la drogue, de la déchéance sociale et morale. Un monde viscéral et sanglant où la bière se mêle aux larmes pour cacher la haine et la peur. Un monde barbare et archaïque qui m’était complètement étranger jusqu’au jour où nous avons plongé tête baissée dans ce reportage pour répondre à la demande d’un éditeur avide de macabres délinquances.

De l’autre, les anges du Ciel.

L’univers de l’esprit, de la conscience. Un univers où Dieu se mêle aux hommes pour recréer la réalité. Un univers du dépassement du moi et de l’ego, où le mental seul ne peut survivre. Un sage enthousiasme dominé par une pensée sans frontières et le renouveau de la spiritualité.

Au cœur de l’entre-deux-mondes, la musique pour maintenir l’harmonie des forces ; et l’écriture pour donner une structure sans cesse renouvelée aux mouvances de la pensée.

 

Comme je l’ai déjà dit, j’avais déjà entrepris une enquête sur les phénomènes paranormaux et la parapsychologie. Je connaissais donc plus ou moins la médiumnité, et les grands personnages historiques, comme Edgar Cayce, ce thaumaturge américain qui faisait, pendant son sommeil, des diagnostics médicaux époustouflants. Au Canada, j’avais aussi vu à l’œuvre l’incroyable Ian Borts, qui pouvait être considéré comme le successeur légitime de Cayce. Mais je pensais que c’étaient deux cas isolés, deux phares de l’histoire de la parapsychologie…

La surprise fut comparable à celle que l’on peut éprouver lorsque l’on part, en Bretagne, à la pêche aux crabes : on espère en débusquer un seul, on soulève un gros caillou et, surpris par la lumière du soleil, des dizaines de crabes, petits, moyens et gros, s’échappent à travers l’écume et les algues brunes.

Le film de Shirley MacLaine m’a donné l’envie de soulever ce caillou-là. D’autant plus que cela n’a pas été difficile : à la suite de cette mémorable émission, des dizaines de médiums, soudainement éclairés par les projecteurs des médias, sont sortis de l’ombre des petits cercles ésotériques et métaphysiques où ils officiaient pour déverser leurs connaissances sur le vaste territoire américain.

 

Qui sont donc ces channels ? Des charlatans, des délirants, des allumés ? Que font-ils ? Que disent-ils ? Avec mille autres questions sur la vie, la mort, l’origine de l’homme, la nature de la pensée et de la réalité, entraînées par la vague de l’aventure. En commençant cette enquête, je ne me doutais pas que ces médiums m’emmèneraient dans un espace où le temps n’existe pas, dans un temps où l’espace n’est plus. Bien au-delà des frontières de la conscience.

Jach Pursel, l’assureur qui devient guru

Le pape des channels se nomme Jach Pursel. Lazaris, si l’on préfère. C’est l’acteur Michael York qui m’en avait parlé le premier. «  Tu devrais commencer ton enquête par lui, c’est le plus connu, et le meilleur ! » J’ai confiance en Michael. Direction Los Angeles.

Hôtel Hilton. La grande salle est archi-bondée. Près de cinq cents personnes viennent assister au séminaire «  Conscience et création du succès », complet depuis longtemps. Première surprise : le public. À la suite des quelques réunions et conférences spirites auxquelles j’avais pu assister en France, je m’attendais à une assemblée de vieilles dames aux cheveux mauves venues se rassurer sur leur futur «  grand passage  », ou d’ésotéristes un peu farfelus, comme lors des réunions spirites. Rien de tout cela. Ici, des étudiants, des médecins, des psychologues, des universitaires, des avocats… Là, quelques personnalités du monde du cinéma qui ne cachent pas leur enthousiasme pour le grand channel, à grand renfort d’embrassades et d’interjections familières. De plus, alors que le public habituel de ce genre de manifestation est à très forte dominance féminine, l’assistance de Pursel semble également partagée d’hommes et de femmes.

 

De toute évidence, Jach Pursel est, à cette époque, le plus célèbre des channels américains, et son entité, Lazaris, semble être en passe de devenir une institution nationale. Disons californienne pour l’instant. Comme Shirley MacLaine parle de lui dans Miroir secret * et que les livres de l’actrice sont un support publicitaire de rêve pour un channel, Pursel a été encensé de toutes parts dans la communauté métaphysique de Hollywood, et a été présenté par Michael York lui-même au Merv’ Griffin Show, l’une des émissions télévisées les plus réputées du continent américain. On me signale enfin que le médium habite chez l’acteur Joseph Bologna à Beverly Hills. Voilà pour la notoriété.

 

L’histoire de Pursel est typiquement américaine : Jach était contrôleur dans un bureau régional d’assurances en Floride. Peny, son épouse, s’intéressait de très près à la métaphysique. Mais Jach, lui, était trop occupé à gravir les échelons hiérarchiques de son entreprise. Jusque-là, tout va bien. Un jour de l’année 1974, Peny parvient à décider Jach à méditer un peu avec elle. «  Ça ne pourra pas te faire de mal. » Bonne intuition : Jach médite et s’endort. Peny, qui avait lu les livres d’Edgar Cayce, tente une petite expérience et pose des questions à son mari endormi… qui lui répond ! Pensant que cela ne se reproduirait pas une seconde fois, elle saute sur un carnet de notes et écrit tout ce que Jach lui raconte. Surprise : la teneur spirituelle plutôt profonde des propos qu’elle vient de recueillir ne correspond en rien à la personnalité de son époux. Deuxième séance, quelques jours plus tard, juste pour voir s’il ne s’agit pas d’un accident passager, mais avec un magnétophone cette fois-ci. Même résultat. Cependant, une voix différente, avec un curieux accent mi-anglais mi-américain, peut-être teinté d’un français roulant les «  r », sort de la bouche du médium en herbe. «  Voilà ce qui se passe pendant que tu dors… », lui dit alors Peny à son réveil en plaçant la cassette dans le magnétophone. Jach écoute, et réécoute. Il est quasiment en état de choc : «  J’étais effrayé. Je ne comprenais pas. J’ai marché et pleuré pendant des heures et des heures », commente-t-il.

Cet état n’a pas duré trop longtemps : en 1976, il crée Synergy Inc., sa propre société qui vend livres, cassettes audio et vidéo de ses séances de transe. Société désormais gérée par Peny, dont il a divorcé, et le nouveau mari de cette dernière…

 

Nous voilà donc au séminaire de Los Angeles. Pursel monte sur une estrade. C’est un petit bonhomme assez corpulent, visage rond, barbe bien coupée et grandes lunettes carrées. Il s’assied sur un gros fauteuil, retire ses lunettes. Silence complet. Quelques grimaces, il ferme les yeux, toussote, respire, pince la bouche, et commence à parler. Même pas une minute pour entrer en transe ! L’entité vient de prendre possession du corps de Pursel. «  Lazaris est là ! » me dit ma voisine qui me paraît, elle, être entrée en transe bien avant… En principe, Lazaris doit nous emmener au succès. Les grandes lignes de son discours tournent autour de la façon dont on peut créer son propre avenir et aimer sa propre vie. Il parle des différentes phases de l’accession à la gloire – apparemment, cela lui a réussi… – et de la façon d’affronter et résoudre ses propres peurs.

1. L’astérisque (*) renvoie à la bibliographie, p. 271.

2. Parue sous le titre de Psi, enquête sur les phénomènes paranormaux, Presses du Châtelet, 1999.