1.
Le cœur battant, son souffle mêlé à celui de son compagnon, Callie se sentait vibrer de tout son être, encore sous l’emprise des sensations inouïes qu’elle venait d’éprouver.
Comme elle inspirait, l’odeur légèrement musquée de son partenaire lui frôla les narines, mêlée à une senteur indéfinissable qui donnait envie de se blottir plus étroitement contre ce torse viril.
Une main large et ferme effleura la courbe de sa hanche, caressant sa peau nue. Callie laissa échapper un soupir d’extase. Fort, tendre, généreux, il avait tout pour lui… Et surtout, il venait de lui faire un don inespéré : il l’avait conduite au paradis, elle qui s’était si souvent arrêtée en chemin !
Au moment où elle avait atteint le summum du plaisir entre ses bras, elle avait connu la joie la plus intense de sa vie. Comblée, elle s’efforçait de profiter jusqu’à satiété de ces instants merveilleux. D’autant qu’une impression étrange lui réchauffait le cœur : celle qu’un lien s’était noué entre eux, fût-il fugitif.
Elle se sentait seule depuis si longtemps…
Dès l’instant où elle avait vu cet homme dans le canot qui tanguait au pied de son yacht, avec ses épaules dorées qui luisaient au soleil, elle avait senti qu’il était différent des autres. Son éclatante virilité l’avait atteinte en plein cœur.
Pourtant, elle n’avait pas éprouvé l’ombre d’un désir érotique depuis sept ans, et avait cru ne plus jamais en ressentir.
Des jours durant, elle avait tenté d’ignorer cet étranger qui s’était aventuré sur la plage pourtant privée, cet intrus qui violait son refuge. Tous les matins, allongée sous les pins après avoir nagé, elle s’efforçait de se concentrer sur le livre qu’elle avait emporté. Mais, malgré elle, son regard n’avait cessé de se porter vers lui, occupé à pêcher ou à nager dans les eaux claires de la crique. Même en s’obstinant à fermer les yeux, elle avait eu conscience de sa présence.
Tout comme il avait eu conscience de la sienne…
Avait-il réellement eu besoin de connaître le chemin du village ? Sans doute pas, à en juger par le regard intense qu’il avait posé sur elle en le lui demandant. Fascinée par ses yeux presque noirs, elle s’était laissé happer dans les profondeurs de ses prunelles. Soudain, tout avait cessé d’exister : ses projets d’avenir, les douleurs du passé, sa méfiance envers les hommes. Rien n’avait plus compté face à une attirance aussi puissante !
Callie sourit, puis pressa ses lèvres contre le torse de l’inconnu, goûtant sa saveur légèrement salée. Il laissa échapper un murmure.
Peut-être était-ce l’abstinence sexuelle qui avait donné tant de magie à cette incroyable flambée de passion ?
Comme sa main virile se promenait encore sur sa peau, se glissant jusqu’à la chair satinée de l’intérieur de ses cuisses et ranimant son désir, elle oublia ses interrogations.
Elle se redressa à demi pour le regarder, captant son sourire d’invite, son regard brûlant, ses cheveux drus qu’elle avait ébouriffés dans l’action, et la marque rouge qui semblait imprimée au creux de son cou. Elle ne l’avait tout de même pas mordu ? Elle n’avait pu perdre la tête à ce point…
— On ne va pas recommencer, dit-elle. Ce n’est pas possible.
— A ta place, ma belle, je n’en serais pas si sûr…
Il enfonça les doigts au cœur de son intimité, lui prodiguant une caresse de plus en plus intime qui la faisait frissonner. Instinctivement, Callie chercha à le repousser. Elle éprouvait le besoin d’établir une distance, de réfléchir. Mais comment résister ? Il était tout en muscles. Et puis, il était habile : ses attouchements étaient si délicieux…
Elle sentit se ranimer sa virilité en même temps que son propre trouble, et murmura :
— Non. Je dois partir. Il faut que je…
— Chut ! chuchota-t-il. Détends-toi, savoure... C'est tout ce qui compte.
Sa main virile se posa sur sa nuque et il l’embrassa. Son baiser profond et prolongé, empreint d’une passion croissante, balaya toutes ses résistances. Oubliées, la prudence et les rudes leçons de la vie ! Seule comptait la folle griserie de l’instant…

« Un coup de folie, voilà tout », décida Callie, plantée devant le miroir de la chambre d’amis. Il n’y avait pas d’autre explication à la façon dont elle s’était laissé séduire.