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L'alerte
Vendredi 30 août, 10 h 05. Le mois a été calme et la fin de semaine prend le même chemin. Moments rares au cours desquels on en profite pour traiter les affaires courantes et prendre connaissance des dernières avancées technologiques et scientifiques pouvant avoir une influence sur le travail d'enquête. Je viens justement de m'entretenir avec un expert en odontostomatologie médico-légale sur les techniques de reconstruction crânio-faciale, l'apport de l'imagerie 3D et les évolutions à venir dans le domaine. Il s'agit d'un aspect essentiel du métier : formation continue en quelque sorte, dont on s'acquitte dès que notre emploi du temps le permet.
À peine suis-je parvenu à la voiture que mon téléphone portable sonne. Le numéro du commandant d'unité s'affiche et j'ai l'intuition que les affaires ont déjà repris.
Le lieutenant-colonel Robineau n'a pas pour habitude d'appeler sans raison. À la tête de la Section de Recherches de la Région Bretagne depuis un an, il vient de l'école de guerre après avoir commandé le GIGN. Très grand professionnel, il dirige une cinquantaine d'enquêteurs spécialisés dans des domaines aussi divers que la délinquance économique et financière, les nouvelles technologies, les trafics de stupéfiants, les mœurs, les homicides, les vols à main armée, la délinquance itinérante, la surveillance et l'observation… Tout un panel d'activités destiné à faire face au visage changeant de la criminalité. Même si la Bretagne n'est pas classée dans les régions les plus criminogènes, elle est touchée par les nouvelles formes de délinquance, et la part d'homicides n'est pas négligeable avec des dossiers lourds, longs et complexes, comme celui de Caroline Dickinson, à Pleine-Fougères en 1996, sur lequel nous reviendrons.
Mon intuition était bonne : le lieutenant-colonel m'apprend que le procureur de Morlaix vient de l'appeler suite à la découverte du cadavre d'une femme à l'orée d'un bois à Pouldrenez dans le Finistère, vraisemblablement un homicide, et que nous sommes en charge du dossier.
Immédiatement toutes mes pensées s'évanouissent, les prévisions d'activités pour la journée et le week-end tombent à l'eau, il n'y a plus qu'une chose : la mission que l'on vient de me confier.
J'ai juste le temps de passer un coup de fil à la maison pour prévenir de mon départ sur la côte nord-bretonne. Comme à chaque fois, j'obtiens le soutien familial et le réconfort indispensable en de pareilles circonstances.
Mais à partir de ce moment, c'est le déclenchement du processus : il faut à la fois aller vite, ne rien oublier, être efficace et se préparer à la gestion d'une scène de crime qui risque de durer…
Située dans le sud de l'agglomération rennaise, la caserne est à un quart d'heure. En cette fin de matinée la circulation est dense et j'actionne le gyrophare et la sirène deux tons. Tout en conduisant, rapidement je suis confronté aux questions qui à chaque fois me taraudent en ce genre d'occasion : de quoi s'agit-il précisément ? dans quel état est le corps ? est-il accessible facilement ?… Autant d'inconnues qui vont déterminer le degré de difficulté de notre intervention. Pour l'instant, je n'ai aucune réponse, il est beaucoup trop tôt. On verra sur place.
Enfin l'entrée de la caserne m'apparaît. En voyant la voiture approcher rapidement, le poste de police ouvre aussitôt la barrière électrique. Devant le bâtiment de la Section de Recherches, Bernard Fortin, mon coéquipier, m'attend avec impatience.
Il m'annonce que le patron est déjà parti, ainsi que la permanence et deux enquêteurs du groupe Homicides. De mon côté, je m'assure qu'il a bien tout rassemblé : le crimescope, les crimelites, les mallettes bio et empreintes, le Blue-Star, les appareils photo numérique et argentique… Tout ce matériel qui en quelques années a enrichi notre équipement et sans lequel il serait inconcevable de travailler.
Avec toutes les mallettes et les containers, charger le véhicule s'avère un vrai jeu de construction. Et quand on ferme le hayon du coffre, on doit être sûr de n'avoir rien oublié : pas question de revenir à la section une fois sur place.
Enfin nous quittons la caserne après un passage au secrétariat pour prévenir de notre départ. Les rares collègues présents ont un petit mot pour ceux qui partent sur un « coup dur ». Nous avons ce drôle de sentiment avec Bernard : nous partons alors que les autres vont retrouver leurs familles pour le week-end. Mais nous n'avons pas le temps de nous appesantir.
Après la précipitation des préparatifs, sur la route du Finistère nous commençons à nous concentrer sur notre objectif. Nous disposons de très peu d'informations, à peine le strict minimum. Mais au moins cela évite de tomber dans le jeu dangereux des préjugés.
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Parmi tant d'autres, je me souviens d'une affaire au cours de laquelle les a priori avaient failli engager l'enquête dans la mauvaise direction, avec toutes les conséquences imaginables : perte de temps, gaspillage des deniers du contribuable, voire erreur judiciaire.
Mon patron de l'époque m'avait envoyé sur les lieux d'une découverte de cadavre pour le moins étrange : un homme d'âge mûr gisant sur le ventre dans un fossé, la nuque tranchée très profondément.
À peine arrivé sur ce chemin en campagne bretonne, je notai l'absence de tresse pour délimiter le périmètre de sécurité, et des gendarmes piétinant un peu partout dans un certain désordre. La pluie battante n'arrangeait rien, mais j'avais l'impression de vivre le début d'un cauchemar professionnel.
À plus de 65 mètres du corps, une tronçonneuse était posée sur le sol, sans aucune surveillance. Autour d'elle, on pouvait voir des projections de matières et de sang : un filet précis avec une concentration particulière. Il fallait absolument protéger l'ensemble de la pluie ruisselante qui avait déjà effacé toutes les traces entre cet indice et le cadavre. J'ai immédiatement fait mettre un carton par dessus.
En plus de cette négligence anormale, certains enquêteurs développaient déjà des hypothèses à partir de la tenue vestimentaire de la victime, de son teint mat… D'autres avançaient que le corps avait été transporté entre le lieu du « meurtre » et l'endroit où il avait été découvert… Dans la hâte des versions s'élaboraient, de règlement de compte, de crime raciste… De la fiction en l'absence de preuves. Un réflexe tentant, mais qu'il faut à tout prix éviter lorsque l'on est confronté à ce type de situation : c'est le meilleur moyen pour faire fausse route et compromettre ses chances de mener l'enquête à son terme.
L'arrivée du légiste n'a rien arrangé : un jeune médecin sans expérience qui lui aussi a tout de suite évoqué une thèse criminelle a priori évidente, avec tentative de décapitation, abandon de la tronçonneuse au milieu du chemin, transport du corps sur plus de 65 mètres et dépôt de la victime dans un fossé… Il suffit pourtant d'y réfléchir à froid pour se demander l'intérêt d'un tel déplacement du cadavre…
À ma demande il a quand même appelé un autre légiste, avec lequel il souhaitait d'ailleurs effectuer l'autopsie pour avoir la certitude de ce qu'il avançait.
Une fois l'excitation tombée, nous avons pu travailler dans le calme nécessaire. L'observation de la tronçonneuse et des projections de matières et de sang sur le sol a permis de déterminer la position exacte de l'appareil. Son examen technique, le sens de rotation de la lame, le réservoir de carburant à sec, la position du bouton de commande et de mise en marche nous ont permis de reconstituer une partie du scénario.
Étant donné le trajet de la lame dans le cou et l'intégrité de la moelle épinière, l'autopsie a révélé le reste : l'appareil était posé sur le sol, l'homme s'est allongé sur le dos en posant son cou sur la lame qui tournait – la concentration et la direction des projections de matières et de sang ont confirmé la position –, puis sous l'effet de la douleur il a dû se relever rapidement, tituber sur 65 mètres avant de s'effondrer lorsque son cœur, faute de sang, s'est arrêté de battre. Quant à la tronçonneuse, la panne sèche a interrompu la course de la chaîne…
Le travail d'enquête parallèle a permis d'identifier rapidement l'homme. Son caractère suicidaire, son état mental et psychique expliqués par son médecin ont quant à eux permis de définir le suicide de façon formelle. Il avait d'ailleurs fait part à son praticien ainsi qu'à ses proches de son intention de mettre fin à ses jours de cette façon, pour aborder, disait-il, les limites de la tolérance à la souffrance au moment de la mort…
Enfin, ses seules empreintes digitales ont été mises en évidence sur le corps de l'appareil…
Tout ce travail effectué dans le calme, avec le concours de différents spécialistes, sans idée préconçue, ayant en définitive démonté point par point l'hypothèse de l'homicide énoncée sans réflexion devant l'évidence première…
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Le trajet pour Pouldrenez se passe sans encombre. Mais cette inconnue à laquelle nous sommes confrontés, Bernard et moi, en nous rendant sur une scène de crime est toujours impressionnante et les discussions sont limitées au strict minimum.
Le silence ne nous gêne pas. Cela fait plusieurs années que nous travaillons ensemble. Entre nous c'est l'osmose, la complémentarité essentielle sur une scène de crime. Nous en avons traité un bon nombre ensemble, à chaque fois c'est une expérience nouvelle. Nous ne parlons jamais des victimes ou de l'horreur à laquelle nous sommes confrontés, mais plutôt des détails périphériques que nous tournons en dérision, histoire de dédramatiser notre travail.
Bernard est un très bon technicien, méticuleux, très observateur, doté d'un réel regard de peintre sur le décor de la scène. Ce don pour le dessin l'a amené à suivre une formation de portraitiste. À l'unité c'est lui qui établit les portraits-robots. Malgré l'outil informatique qui a remplacé le dessin manuel, il termine souvent ses portraits à la main. Cela donne un peu de vie et de couleur aux formes informatisées, toujours apprécié par les témoins.
Malgré ses grandes compétences, Bernard ne s'est jamais porté candidat pour l'avancement qui aurait entraîné sa mutation dans une autre ville. La vie rennaise a sans doute pesé dans la balance : on se trouve tellement bien dans la capitale bretonne, que l'on a du mal à la quitter.
La route nous paraît interminable et trop courte : d'un côté on voudrait déjà être sur place et se mettre au travail, perdre le moins de temps possible pour obtenir un maximum d'indices non pollués, non dégradés – le temps étant un facteur déterminant –, de l'autre on souhaiterait qu'il s'agisse d'une fausse alerte, car quelles que soient les inconnues, on sait ce qui nous attend. Bernard fume quelques cigarettes en baissant légèrement la vitre de sa portière. Je conduis toujours lorsque nous sommes ensemble, cela me permet de penser à autre chose qu'à la scène de crime.
À l'affaire du petit Benoît par exemple, qui avant chaque nouvelle confrontation avec la mort violente me revient en mémoire…
Parce qu'il y a un élément essentiel pour faire ce métier, pour durer sans s'user, être toujours concentré, ne rien laisser au hasard malgré la lassitude ou les émotions, c'est la motivation. Or, face au spectacle sans cesse renouvelé et éprouvant de la mort, presque toujours violente, la motivation première ne suffit pas, elle finit par s'émousser. Pour entretenir la flamme, il faut un électrochoc. Un cas particulièrement pénible qui au moins a l'avantage de vous faire réaliser l'importance de votre mission.
Ce choc, je l'ai eu moins d'un an après mes débuts en police technique, en 1988 dans le sud du département de la Seine-et-Marne.
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Au départ je ne disposais pas de tous les éléments. J'en ai appris davantage dans la voiture par la radio gendarmerie : la victime était un enfant, mort par balle, les auteurs présumés venaient d'être interpellés dans un bar à quelques kilomètres du lieu du drame. L'affaire paraissait simple et j'étais assez calme. En arrivant sur place, les choses allaient changer.
À la brigade de Château-Landon (77), l'horreur de cette histoire m'a frappé de plein fouet. D'abord les circonstances du drame : un couple avec ses deux enfants, un garçon de 5 ans et une fillette de 3 ans, rentrant d'une soirée chez des amis par une petite route traversant de grandes étendues de champs agricoles…
Tout à coup dans son rétroviseur, le père a aperçu une voiture ne tenant pas sa droite et se rapprochant rapidement avec des appels de phares et des coups de klaxon intempestifs. Après les avoir doublés, le véhicule fou a pris de l'avance et, au bout d'une ligne droite a stoppé en se mettant en travers de la chaussée.
Le père s'est arrêté pour observer ce qui se préparait. Il a alors vu trois individus sortir de la voiture, se diriger vers le coffre, en sortir un fusil de chasse et épauler à tour de rôle en les visant. En hurlant à ses enfants de rester couchés sur la banquette arrière, le père a alors fait demi-tour. La fillette s'est exécutée, mais le petit garçon s'est mis à genoux, comme l'auraient fait la majorité des garçons de son âge, pour regarder les tireurs. Et tandis que leur voiture s'éloignait, une gerbe de plombs a traversé la lunette arrière et touché l'enfant en pleine tête avant de finir sa course dans le siège du conducteur.
Dans le premier hameau, ils ont pu coucher l'enfant sur une table de ferme, mais les secours ont mis un certain temps pour arriver, et la médicalisation d'urgence n'a pas permis de le sauver, tout juste de le maintenir en vie artificielle jusqu'à l'hôpital où le décès sera constaté lors de son admission.
Je me trouvais totalement désarmé devant ce drame, mais le choc fut plus violent encore lorsque j'appris le prénom de la jeune victime : Benoît, comme mon fils, qui aurait pu avoir la même réaction si nous nous étions trouvés dans une situation semblable. Je l'imaginais bien regarder par la lunette arrière, lui aussi, excité par le côté extraordinaire de la situation…
Cette émotion sera le vecteur de mon travail tout au long de cette tragique histoire. Il a fallu déterminer la distance de tir, la position exacte du tireur, la visibilité dont il disposait au moment du coup de feu. Il a fallu faire des prélèvements sur les mains et les avant-bras des trois hommes pour déterminer, grâce aux résidus de tir, lequel avait tiré. L'arme était encore dans le coffre de leur voiture avec les munitions disposées tout autour. Il s'agissait d'un calibre destiné au gros gibier. Nous avons également fait venir un médecin pour effectuer les prélèvements sanguins afin de déterminer le taux d'alcoolémie des trois compères.
Nous avons aussi dû démonter les sièges de la voiture des parents du petit Benoît, une Citroën GS grise avec un intérieur bleu, pour retrouver les plombs figés dans la mousse, prendre toutes les mesures et déterminer la concentration de la gerbe afin d'évaluer la distance du tir. Les plombs retrouvés ont été comparés avec ceux composant les cartouches saisies dans le coffre de la voiture des auteurs présumés. Je me suis ensuite employé à déterminer l'emplacement exact de l'enfant sur la banquette ainsi que sa position pour figer le tout sur pellicule. Élément essentiel lors de la reconstitution pour démontrer la vision précise qu'avait le tireur sur la voiture et ses occupants.
Je me souviens de la numérotation de chaque impact avec des pastilles autocollantes, des photos, plans et croquis… Le sang de l'enfant sur la banquette, les sièges et la garniture du toit ne faisait que renforcer ma motivation…
Le travail sur l'arme et les munitions m'a laissé un très mauvais souvenir. À plusieurs reprises je me suis fait la remarque suivante : « Si tu t'étais enrayée, Benoît ne serait pas mort… » Il y avait encore une cartouche dans la chambre. J'ai recherché des empreintes digitales sur cette carabine de chasse. Il y en avait plusieurs que j'ai comparées avec celles des auteurs présumés, ce qui a constitué un élément de rapprochement supplémentaire. Enfin, grâce à l'analyse en laboratoire des résidus de tir nous avons pu déterminer lequel avait tiré. J'évitais de regarder ces hommes que j'avais vraiment envie d'insulter ou tout au moins de leur dire ce que je pensais de leur geste que l'alcool seul ne pouvait pas expliquer, comme ils voulaient le faire croire…
Je n'ai jamais revu les parents du petit Benoît. Hospitalisés sous le choc, ils ont mis très longtemps pour commencer à récupérer, mais la vie pour eux n'a, je me doute, plus jamais été comme avant…
Cette affaire m'a longtemps hanté. Il a fallu assister aux opérations médico-légales sur le corps de l'enfant, spectacle difficilement soutenable. Un autre moment très pénible a été la reconstitution judiciaire dans le cadre de l'instruction au cours de laquelle les trois comparses ont refait les gestes de cette terrible nuit. La bêtise humaine prenait un visage particulier. Ces hommes sans réaction, sans tristesse apparente, prenant à tour de rôle l'arme en main, épaulant et visant la voiture, c'était assez insupportable. Ils se rejetaient la responsabilité comme s'il ne s'agissait que d'un simple délit…
Mais en définitive la motivation dans cette affaire a permis de réaliser un travail complet que le juge d'instruction a apprécié. Elle m'a accompagné tout au long de ces années de police technique, et aujourd'hui encore, lorsque j'ai besoin d'une concentration particulière sur un point technique difficile, elle représente un soutien considérable…
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Grâce à la radio gendarmerie, Bernard et moi en savons davantage sur le déroulement des événements et sur ce qui nous attend. C'est un retraité habitant la commune de Pouldrenez qui a alerté la gendarmerie de Carantec aux alentours de 7 heures, après avoir découvert le cadavre d'une femme en faisant sa promenade matinale avec son chien. Le corps se trouve dans un bois le long d'un chemin à proximité d'un camping. Rien n'a encore permis de l'identifier, ce qui accroît toujours la difficulté de l'enquête.
Mais il semble que les choses ont été faites dans les règles : immédiatement une patrouille a été dépêchée sur place, après quoi la compagnie de gendarmerie de Morlaix, le commandant du groupement départemental à Quimper et le parquet ont été prévenus, puis le médecin de garde, venu constater le décès.
Le procureur de la République au tribunal de grande instance de Plourin-lès-Morlaix, Mme Morisson, s'est également rendue sur la scène de crime et a pris la direction de l'enquête. En poste au tribunal depuis quatre ans, elle dirige la police judiciaire. Il s'agit d'une très grande professionnelle qui fait preuve de lucidité, de calme, et qui gère parfaitement ce genre de situation sur le plan judiciaire. Elle sait très bien qu'avec ce genre de dossier on ne sait jamais où on va. Qui est cette femme ? D'où vient-elle ? Peut-être est-elle étrangère… Où les investigations vont-elles mener ? Tout peut s'emballer très vite. C'est la raison pour laquelle il faut avoir une réserve d'enquêteurs aguerris capables de gérer rapidement ce type d'affaire atypique.
Elle a d'ailleurs exigé notre intervention, estimant insuffisante la présence des TIC de la brigade de recherches de Plourin-lès-Morlaix et de celle de Quimper.
Il s'agit d'un cas de figure classique : l'unité saisie à l'origine souhaite garder les rênes le plus longtemps possible (les affaires criminelles de cette importance sont rares sur une circonscription) ; la compagnie de gendarmerie avec sa brigade de recherches aimerait bien aussi garder la saisine et diriger une telle enquête. Mais ce genre de découverte de cadavre, qui manifestement ne relève pas de la mort naturelle ou accidentelle, nécessite la mise en place immédiate de moyens lourds, d'une équipe d'enquêteurs qui connaissent bien les premières mesures à prendre (téléphonie, surveillance, identifications, vérifications administratives diverses, etc.). Ils disposent d'un réseau fiable et peuvent mettre en place le filet qui permettra d'avancer rapidement, qui au moins évitera de perdre les informations importantes des premières heures. De plus, s'il s'agit d'une enquête difficile, appelée à durer et à s'étendre dans un espace géographique large, seule la Section de Recherches dispose de la capacité et de la légitimité nécessaires.
Parmi les autres mesures prises à Pouldrenez, le peloton de surveillance et d'intervention de la compagnie de Morlaix a été affecté au contrôle de tous les véhicules quittant le camping voisin, évidemment nombreux en cette fin août, pour le cas où la victime aurait un lien avec le camping.