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— Victoria Anderson, acceptez-vous de prendre pour époux Eli Laughlin, de l’aimer et de le chérir pour le meilleur et pour le pire, dans la richesse comme dans la pauvreté, dans la santé comme dans la maladie ?

En écoutant le révérend Watkins, Victoria eut l’impression qu’il récitait ces vœux sacrés comme il aurait fait la lecture d’un acte notarié. Mais elle était trop nerveuse pour s’en soucier. D’autant que toute son attention était fixée sur l’étranger infiniment séduisant et viril qui se tenait à côté d’elle.

Un homme grand, brun et fascinant qu’elle était sur le point d’épouser.

Quand elle sentit sur elle le regard insistant du célébrant, elle tenta de contenir l’élan de panique qui s’emparait d’elle.

— Je le veux…

Non sans surprise, elle se rendit compte que sa voix, bien que faible, ne tremblait pas. Comment était-ce possible, alors qu’elle se sentait plus terrorisée que jamais ?

Se tournant vers son futur époux, le révérend répéta la question à laquelle elle venait de répondre. Mais elle ne l’entendait pas. Seul un bourdonnement confus lui parvenait.

Deux heures à peine auparavant, elle ne connaissait Eli que par les quelques coups de téléphone et e-mails qu’ils avaient échangés. La distance qui les séparait les avait empêchés de se rencontrer, et l’idée d’envoyer des photos ne leur avait même pas traversé l’esprit.

Mais cela n’aurait rien changé. Dès l’instant où elle avait décidé de l’épouser, elle avait su que plus rien ne pourrait l’en empêcher. Qu’aurait-elle pu faire d’autre, abandonnée avec moins de cinq cents dollars en poche et menacée de mort par plusieurs personnes ?

A présent, elle regrettait tout de même de ne pas avoir eu ne fût-ce qu’une description physique d’Eli. Cela lui aurait évité le choc violent qu’elle avait eu en le voyant pour la première fois à l’aéroport de Cheyenne. Comment aurait-elle pu imaginer cela ? Elle avait parcouru trois mille kilomètres pour venir l’épouser sans avoir la moindre idée de son apparence, et voilà qu’elle se trouvait à côté de l’homme le plus séduisant qu’elle ait jamais vu !

Si elle n’avait pas été aussi accaparée par les préparatifs de son départ précipité de Charlotte, peut-être aurait-elle prêté plus d’attention au timbre profond de sa voix. Oui, Eli Laughlin avait la voix la plus sensuelle du monde, et la première fois qu’il lui avait téléphoné elle n’avait pu réprimer les frissons qui l’avaient parcourue.

Elle aurait dû se douter que cette voix ne pouvait appartenir qu’à un homme charismatique et troublant.

Timidement, elle leva vers lui un regard admiratif. A vrai dire, elle avait été loin de penser à son allure lors de leurs entretiens téléphoniques. Son seul but avait été de le convaincre qu’elle répondait à toutes ses exigences. Puis elle l’avait écouté lui expliquer pourquoi il envisageait ce mariage comme un accord commercial.

Mais maintenant qu’elle se trouvait en face de lui, elle ne pouvait plus ignorer ses longues jambes puissantes, ses larges épaules et le torse musclé qu’elle devinait sous sa chemise parfaitement coupée. Quant à ses yeux bruns, ils étaient aussi lumineux que le sourire qui éclairait en cet instant son visage.

— Je le veux, répondit-il.

— En vertu des pouvoirs qui me sont conférés par l’Etat du Wyoming, je vous déclare mari et femme ! déclara le révérend Watkins d’un ton joyeux. Mon fils, vous pouvez embrasser la mariée…

Le regard fixé sur le visage hâlé de son mari, Victoria eut un moment d’hésitation. Non, il n’allait pas l’embrasser. Ils s’étaient vus pour la première fois quelques heures plus tôt, à sa descente d’avion.

Et pourtant…

Le cœur battant, elle le vit se baisser légèrement et sentit ses bras l’enlacer. Puis il posa les lèvres sur les siennes.

Son baiser ne dura qu’une seconde à peine, mais le contact de sa bouche ferme et chaude suffit à la faire frissonner de plaisir.

Lorsqu’il se redressa, elle avait déjà la certitude que cet homme était plus envoûtant que tous ceux qu’elle avait pu croiser en vingt-six ans.

Et dire qu’elle avait cru s’engager dans une union calme et dépourvue de tout sentiment ! A quoi devait-elle s’attendre, si son cœur battait déjà la chamade chaque fois qu’elle regardait Eli ?

Heureusement, le contrat qu’ils avaient signé au préalable était rassurant. Ils avaient décidé de s’accorder un mois pour apprendre à se connaître. Ainsi, leur mariage ne serait officiel qu’après ce délai. A moins qu’ils ne se rapprochent l’un de l’autre au cours de ces quatre semaines et… consomment leur union, selon le terme consacré.

— Toutes mes félicitations ! s’exclama Blake Hartwell, l’ami d’Eli, en les serrant tour à tour dans ses bras.

Après être venu chercher Victoria à l’aéroport, Eli l’avait emmenée à Eagle Fork, où ils avaient rendez-vous avec son avocat pour signer leur accord. Pendant le trajet, il lui avait expliqué que la cérémonie aurait lieu chez la grand-mère de Blake, son ami d’enfance, et que Jean et Blake Hartwell seraient leurs témoins.