Une insupportable;trahison
NATALIE RIVERS
© 2009, Natalie Rivers. © 2010, Traduction française : Harlequin S.A.
DIANE LEJEUNE
978-2-280-21703-3
1. 
– Chloé Valente, tu es la femme la plus belle et la plus sexy du monde. 
La phrase résonna à l’oreille de Chloé avec un timbre si sensuel que tout son corps en frémit d’excitation. Sans qu’elle ait besoin de se retourner, elle devinait que Paolo se rapprochait d’elle. Bientôt, elle sentit la chaleur de son torse tout contre la fine soie de sa robe de mariée. Et elle sut que ses rêves les plus fous et les plus secrets se réalisaient enfin. 
Submergée par l’émotion, elle prit une longue inspiration et serra plus fort la balustrade du balcon qui dominait la fabuleuse salle de bal fourmillante de convives. Dire que ce palais vénitien, propriété de la vénérable famille de Paolo depuis des générations, serait désormais sa demeure ! 
– Cette journée a été absolument merveilleuse ! lui confia-t–elle avec ferveur. Je ne peux imaginer mariage plus parfait. 
Et en effet, y avait-il un endroit plus féerique que Venise pour se marier ? En ce mois de février, une couche de neige recouvrait la ville d’un manteau argenté, accentuant encore son charme romantique. Et lorsqu’une gondole noire tapissée de coussins de velours carmin l’avait ramenée, après la cérémonie, au palazzo avec son nouvel époux, elle avait su que ce jour resterait gravé à tout jamais dans son souvenir comme le plus heureux de sa vie. 
– Mais le meilleur reste encore à venir, lui murmura Paolo à l’oreille, d’une voix rauque teintée d’un accent italien terriblement séduisant. Une fois dans notre chambre, tu découvriras ce que je veux dire… 
Envahie d’un doux bien-être, Chloé ferma les yeux un instant et renversa la tête sur l’épaule de son mari. Le simple fait de savoir combien Paolo avait envie d’elle lui faisait battre le cœur à tout rompre et éveillait dans son ventre une délicieuse boule de feu. 
Le brouhaha des conversations, mêlé au tintement des coupes de champagne en cristal et à la mélodie céleste de la harpe, s’élevait depuis le grand hall jusqu’à eux. 
– Mais nous ne pouvons pas partir maintenant, protesta-t–elle faiblement, bouleversée par les baisers légers qu’il déposait dans son cou. Que diraient nos invités ? 
– Tu es toujours si consciencieuse ! se moqua-t–il gentiment, une main passée autour de sa taille pour la tourner vers lui. Quand tu étais mon assistante, tu anticipais toujours mes besoins et ceux de mes associés. Et à présent, tu te montres une fois encore attentive au bien-être de tes invités. 
Emplie d’une allégresse désormais familière, elle plongea le regard dans le bleu azur de ses pupilles. 
Il lui suffisait de le regarder pour éprouver cela. Avec son physique renversant et sa carrure d’athlète, il était le plus bel homme qu’elle ait jamais connu. Et il s’agissait de son mari ! Oui, elle était bien mariée à Paolo Valente ! se répéta-t–elle avec une joyeuse incrédulité. 
Durant les deux années où elle avait travaillé pour lui, elle l’avait secrètement aimé, consciente que les sentiments qu’elle éprouvait à l’égard de son patron vénitien ne seraient jamais réciproques. Après tout, elle n’était qu’une anodine petite Anglaise, alors qu’il venait de l’une des plus vieilles dynasties de Venise, et que lui-même avait fait fortune dans les affaires. Ils évoluaient dans des mondes si différents qu’elle était alors persuadée de ne jamais pouvoir l’approcher. 
Pourtant, Paolo l’avait un jour invitée à dîner. 
Au début, elle avait cru à une plaisanterie. Depuis qu’elle travaillait au siège londonien de sa société, elle avait aperçu à son bras d’innombrables jeunes femmes de la haute société, toutes plus grandes, sveltes et affriolantes les unes que les autres. Toutes avaient le regard charbonneux et aguicheur, une chevelure abondante et noire de jais. Autant dire, le parfait contraire de Chloé qui était petite, blonde, avait des courbes généreuses, un teint de porcelaine et des yeux vert clair qui ne pouvaient souffrir plus d’un trait de mascara.