RÉSUMÉ
L'histoire débute à Londres, capitale de l'Océania, le 4 avril 1984. Winston Smith, qui travaille au ministère de la Vérité, rentre le midi chez lui. Dans son appartement, équipé d'un télécran - cet appareil par lequel le Parti contrôle les individus à tout instant -, seule une alcôve échappe à la surveillance. Cet espace protégé a donné à Winston l'idée d'y tenir son journal.
Il en remplit donc la première page, dans laquelle il évoque les Deux Minutes de la Haine : ce rituel quotidien consiste, pour les employés, à se regrouper autour du télécran qui diffuse des images de l'ennemi de la nation, Goldstein, pour exprimer leur haine à son égard, par des cris ou toutes sortes de gestes hystériques et agressifs. Ce matin-là, une jeune femme brune de l'assistance s'est manifestée par sa violence particulière. À la fin des Deux Minutes de la Haine, le regard de Winston a croisé celui d'O'Brien, un homme haut placé dans l'appareil du Parti, et a cru y déceler un signe de connivence. Winston est alors persuadé qu'O'Brien est, comme lui, un adversaire du Parti.
Alors qu'il est en train d'écrire, Winston est interrompu par Mme Parsons, sa voisine, dont l'évier est bouché. La visite chez ses voisins révèle à Winston le degré d'endoctrinement des enfants, qui sont désormais des espions prêts à dénoncer leurs propres parents à la Police de la Pensée.
De retour chez lui, Winston songe de nouveau à O'Brien, qu'il a entrevu sept ans auparavant dans un rêve dans lequel il affirmait : «Nous nous rencontrerons là où il n'y a pas de ténèbres» (p. 41). Winston est convaincu du caractère prophétique de ces propos, sans savoir précisément comment ils se réaliseront. Persuadé d'avoir d'ores et déjà commis le «crime de penser» (p. 45) en
remplissant quelques pages de son journal, Winston se considère comme un condamné en sursis et repart travailler.
REPÈRES POUR LA LECTURE
Une société totalitaire
Le monde dans lequel vit Winston Smith est d'emblée présenté comme un univers totalitaire : le nom des ministères - ministères de la Vérité, de la Paix, de l'Amour et de l'Abondance (p.15) - est déjà, à lui seul, un signe caractéristique de la propagande d'État. Les slogans peints aux murs ou qui s'affichent sur le télécran (p.15, 30), les portraits omniprésents de Big Brother (p.11-13), l'existence d'un Parti unique et la surveillance constante qu'il exerce sur les citoyens, la nécessité de se cacher pour s'exprimer, ou encore l'endoctrinement des enfants (p.39-40) sont autant de détails qui confirment l'existence d'un régime totalitaire.
Un protagoniste en rébellion contre le Parti
L'histoire est racontée à la troisième personne, mais les événements sont présentés à travers le regard de Winston Smith, en focalisation interne. Ce point de vue permet au lecteur de comprendre que le personnage se situe en opposition par rapport au Parti : il s'intéresse au passé dont le Parti cherche à faire disparaître toute trace (p. 14), fait preuve d'une grande distance critique dans son récit des Deux Minutes de la Haine (p. 28), espère qu'un mouvement de résistance au Parti existe (p. 31), exprime dans son journal sa haine à l'égard de Big Brother (p. 32-33) et se perçoit explicitement comme un opposant politique (p. 45).
Des rencontres décisives
Dès le premier chapitre, Winston rencontre deux personnages amenés à jouer un rôle fondamental dans la suite du roman : la jeune femme brune qui se déchaîne contre Goldstein, dont on apprendra plus tard qu'elle se prénomme Julia, est le principal personnage féminin de l'histoire. Une relation amoureuse l'unira à Winston dans la deuxième partie du roman.
O'Brien, quant à lui, est un personnage trouble, dont Winston se sent inexplicablement proche, bien qu'il ne le connaisse que de vue (p. 42). Il faudra attendre la troisième partie du roman pour connaître les véritables fonctions exercées par O'Brien au sein du Parti. Avant ces révélations, Winston y fait régulièrement référence comme à un allié possible, dans sa rébellion contre le Parti.