La folie One Direction

Vous ne croyez pas que la vie peut être par moments trépidante au point de donner l’impression que le temps s’est arrêté ? Posez donc la question aux garçons de One Direction. Pour Liam, Louis, Niall, Harry et Zayn, le mois d’avril 2012 ne fut qu’une suite sans fin d’incidents, d’intrigues, de succès phénoménaux et de douloureux revers.

Deux ans plus tôt, les nouvelles idoles de la pop n’étaient que cinq ados ordinaires, chacun comptant les jours qui lui restaient avant l’audition de The X Factor. Depuis lors, leur vie a été tout sauf un long fleuve tranquille.

Rien qu’en ce seul mois d’avril, ils furent reçus à la Maison-Blanche par Michelle Obama, donnèrent un mégaconcert à guichets fermés au Madison Square Garden et firent leurs débuts en studio aux côtés de l’immense Justin Bieber.

Et tandis que les États-Unis s’amourachaient du boys band, la télévision américaine leur consacrait deux de ses émissions les plus populaires : The Today Show et Saturday Night Live. Mais, alors qu’ils surfaient sur la vague du succès, une ombre vint ternir leur rêve américain : un groupe américain portant le même nom qu’eux leur intenta un procès pour plagiat.

La riposte des fans du boys band anglais ne se fit pas attendre, certains allant jusqu’à proférer des menaces de mort à l’encontre du groupe américain.

Ce même mois d’avril, le groupe s’envola pour l’hémisphère Sud et découvrit qu’il comptait en Australie et en Nouvelle-Zélande autant de ferventes admiratrices qu’en Amérique ou en Grande-Bretagne.

À Sydney, la fièvre était telle, qu’un garçon qui n’avait aucun lien avec le groupe se retrouva assailli par des fans hystériques qui l’avaient pris pour un des leurs.

Quand on renforça les services de sécurité, une jeune Australienne déclara qu’elle était prête à essuyer les tirs de la police pour pouvoir les approcher.

Un reste de tartine dans laquelle Niall avait mordu fut vendu aux enchères, attirant des offres allant jusqu’à plus de 100 000 euros !

Tandis que le groupe célébrait le succès de son premier single – dépassant le seuil symbolique du million de copies vendues en Amérique –, chaque garçon empochait deux millions de livres sterling.

Ce jour-là, Louis décida de s’acheter un singe. Et, comme si tout cela ne suffisait pas, ils se retrouvèrent tour à tour encensés par Rihanna, la princesse de la pop, et cassés par Madonna, qui déclara n’avoir jamais entendu parler d’eux.

Le mois n’avait pas encore touché à sa fin que le groupe embrassait des koalas (ce qui lui valut la frousse d’avoir attrapé la chlamydia au contact des marsupiaux, soit dit en passant), avant de partir surfer sur les vagues du Pacifique.

Après quoi, Niall contracta une intoxication alimentaire pendant que deux des garçons relevaient le défi d’exécuter un saut à l’élastique de 192 mètres.

À leur retour en Grande-Bretagne, ils furent, comme toujours, accueillis par des foules de fans en délire.

Pas étonnant que la folie qui entoure ce boys band ait été comparée à la Beatlemania : One Direction jouit d’une popularité immense quelle que soit votre échelle de mesure.

Ils sont le premier groupe anglais de teen pop dont le premier album a pulvérisé les charts américains.

Ce même album s’est hissé à la première place en Grande-Bretagne et dans douze autres pays. Les garçons comptent plus de douze millions de followers sur Twitter et 3,6 millions sur Facebook, et leurs vidéos ont été vues plus de 204 millions de fois sur YouTube. Google a révélé que pas moins de 3,35 millions de personnes tapaient chaque mois One Direction dans sa barre de recherche.

One Direction est le boys band le plus populaire du monde. Mais comment en sont-ils arrivés là ? C’est précisément ce que nous allons vous raconter ici.

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HARRY
STYLES

Quand les cinq membres de One Direction trouvèrent enfin le temps de prendre un peu de vacances pour faire le point sur leur fulgurant succès, aucun ne se montra plus calme et flegmatique que Harry Styles.

D’un naturel nonchalant, Harry n’est pas du genre à vouloir donner de lui-même l’image de la star cool. Il est vraiment et totalement nature.

La vie ne lui a pas fait de cadeaux, et son flegme a été mis à rude épreuve durant les années qui ont précédé son succès, mais il a toujours su faire face avec courage et sans se prendre la tête.

Inversement, si vous interrogez Anne Cox, la mère de Harry, sur le succès et le talent de son fils, elle vous dira qu’elle a encore du mal à le réaliser.

Si, pour tous les autres, il est le chanteur qui fait craquer les filles du monde entier et la coqueluche des médias, pour Anne, il sera toujours quelque chose de plus :

— Pour moi, il est d’abord mon fiston, même s’il est aussi une star qui se produit devant des millions de spectateurs.

Harry est né le 1er février 1994. Anne, qui était déjà maman d’une petite Gemma, était aux anges quand elle accoucha pour la deuxième fois.

Elle décida d’appeler son bébé Harry Edward sans se douter qu’elle venait de mettre au monde une future star.

Harry a passé ses premières années dans le Cheshire, une province verdoyante parsemée de villes et de villages pittoresques du nord-ouest de l’Angleterre. C’est précisément à Holmes Chapel que Harry a grandi, une bourgade agréable et vivante, et idéalement desservie quand on veut aller faire un tour à Manchester pour respirer l’air de la grande ville.

Le Cheshire n’est pas à proprement parler une province réputée pour son héritage artistique, même si des chanteurs de rock comme Ian Curtis et Tim Burgess en sont originaires. Quand il passa l’audition pour The X Factor, Harry dit de sa province natale qu’elle était « plutôt plan-plan », avant d’ajouter avec un petit sourire en coin : « … mais pittoresque. »

Aujourd’hui, il est devenu l’un des fils les plus célèbres du Cheshire.

Quand Harry atteignit l’âge d’entrer à la maternelle, sa mère l’inscrivit à l’école Happy Days (Les Jours heureux). Harry estime qu’elle porte bien son nom, et il en a gardé d’excellents souvenirs. C’était une petite structure où les enfants étaient choyés et bien entourés.

À l’époque, il était un petit garçon bien élevé et sociable qui aimait les joujoux et les activités de groupe. Il a toujours été un boute-en-train. Et un créatif : tout petit déjà, il aimait faire des dessins avec du colorant alimentaire sur ses tranches de pain grillé avant de les manger.

Il fut toujours encouragé à s’exprimer, un facteur indispensable de développement pour un artiste en herbe. Plus tard, il apprendra à jongler et à jouer de différents instruments. Toujours jovial et prêt à faire le pitre, il était une sorte de génial touche-à-tout.

— Il adorait être au centre de l’attention et amuser la galerie, confiera Anne au magazine Now. Il n’est pas du tout timide. Tout petit, il aimait faire rire les gens. J’ai toujours pensé qu’il monterait un jour sur scène.

Harry menait une vie heureuse et insouciante, jusqu’à ce que ses parents lui annoncent qu’ils allaient divorcer. Sa première réaction fut de fondre en larmes. Il aimait ses deux parents et ne supportait pas l’idée qu’ils puissent se séparer.

Harry, qui n’avait que sept ans, se retrouva pris entre deux feux : il était suffisamment mûr pour comprendre le chagrin causé par la séparation, mais encore trop jeune pour pouvoir maîtriser ses propres sentiments. Les jeunes enfants confrontés à ce genre d’épreuve éprouvent un mélange de chagrin, de culpabilité, de rancœur et d’incompréhension, et même parfois de colère.

Bien que Harry se soit toujours efforcé de faire bonne figure quand il était en public, la blessure qu’il portait en lui depuis le divorce de ses parents a, jusqu’à un certain point, influencé le cours de sa vie. Il explique qu’il a repris le dessus assez rapidement et appris à se faire à la nouvelle situation. Mais, de son propre aveu, il était trop jeune pour comprendre vraiment ce qui se passait dans la tête de ses parents.

Le divorce entraîna de nombreux changements pour lui et sa sœur, comme d’aller vivre avec Anne dans une autre partie, plus reculée, du Cheshire, où ils emménagèrent au-dessus d’un pub, dont sa mère avait repris la gérance.

Il y eut encore bien d’autres bouleversements dont Harry dut s’accommoder tant bien que mal. Il se fit un nouvel ami, Reg, un garçon un peu plus âgé que lui, qui lui fit découvrir les bons plans des environs, comme cette ferme où l’on faisait une crème glacée succulente, située à quelques kilomètres seulement de sa nouvelle maison.

Il adorait aller là-bas et se régaler d’une bonne glace après avoir fait la route à vélo.

Malgré le divorce de ses parents, Harry n’avait rien perdu de son énergie ou de son enthousiasme. Plutôt que de faire les quatre cents coups (il n’a jamais vraiment échangé de coups de poing, sauf une fois, durant toute sa scolarité), il s’est investi à fond dans son travail et était particulièrement féru d’anglais et d’éducation religieuse.

En anglais, il se découvrit un réel talent pour les dissertations, qui lui valaient souvent de bonnes notes. Extraverti de nature, il aimait aussi les cours d’art dramatique, biais par lequel il a fait ses débuts sur scène.