1.
1797-1808
Le 17 janvier 1785, en l'église des Quatorze-Saints-Auxiliaires, dans le faubourg viennois de Lichtental, est célébré le mariage de Franz Theodor Florian Schubert, instituteur, catholique, fils de paysan, vingt-cinq ans
1, célibataire, avec Elisabeth Vietz, fille d'un maître serrurier, catholique, vingt-huit ans, célibataire.
Moins de deux mois plus tard, naît leur premier enfant, Ignaz Franz, le 8 mars 1785
2. C'est ensuite la longue liste, tristement habituelle à l'époque, des naissances et des décès à leur foyer.
Au dixième anniversaire de leur mariage, le 17 janvier 1795, des dix enfants qui leur sont nés, il ne leur reste que leur aîné, l'enfant de l'amour : Ignaz
3, et les deux petits derniers, neuvième et dixième: Josef
4, né en septembre 1793, et Ferdinand
5, né en octobre 1794.
Au mois de novembre 1795 naît Franz Karl, deuxième à porter ce nom, leur onzième enfant
6, et le 31 janvier 1797, leur douzième enfant, Franz Peter, qu'à bout d'imagination, sans doute, ils appellent encore Franz comme le père. Mais de tous les Franz de la famille, celui-ci, après tant d'efforts et de déceptions, sera le véritable Franz Schubert
7.
Donc Franz Peter Schubert naît à Vienne, au n° 72, Himmelpfortgrund
8, le 31 janvier 1797, à une heure et demie de l'après-midi; il est baptisé à l'église de Liechtental - là ou se sont mariés ses parents -, dès le lendemain, 1
er février
9.
Par son lieu de naissance, Schubert est donc un parfait Viennois. Plus que Mozart, le Salzbourgeois, que le Haydn de Rohrau, que le Rhénan Beethoven ou que Brahms, l'homme de Hambourg, tous attachés à l'histoire de la Vienne musicale. Mais un lieu de naissance peut-il prétendre définir un homme? Viennois, Franz Schubert l'est-il vraiment?
Si les deux parents de Franz Schubert se sont rencontrés et mariés à Vienne, leur implantation dans la capitale n'en est pas moins, de part et d'autre. extrêmement récente. Du côté paternel, la famille des Schubert, famille paysanne du nord de la Moravie, solidement ancrée autour de la petite ville de Neudorf, progresse socialement tout au long du XVIIe siècle. De l'ancêtre Kaspar, le petit paysan, elle parvient au XVIIIe siècle avec Karl aux fonctions officielles de juge de Paix, en même temps qu'elle accède à la propriété privée.
C'est le fils aîné de ce Karl qui vient le premier à Vienne, suivant en cela l'exemple d'un de ses compatriotes qui l'entraîne (et dont il épousera du reste la veuve)
10. Karl Schubert
11, vers 1775, quitte donc Neudorf la Morave, berceau de la famille, et s'installe à Vienne, comme aide-instituteur à l'école dépendant de l'église des Carmes dans le faubourg de Leopoldstadt. Quelques années plus tard, son plus jeune frère, instituteur lui aussi dans sa ville natale, le rejoint à Vienne; Franz Theodor Florian commence par fréquenter pendant un semestre (1783-1784) l'université de Vienne, où il suit les cours de philosophie, puis de 1784 à 1786, il devient à son tour l'aide-instituteur de son frère Karl. En 1786, Franz Theodor Florian est nommé directeur de l'école sise dans la maison dite de « l'écrevisse rouge », Himmelpfortgrund, dans le faubourg de Lichtental, là où naîtra Franz, son douzième enfant.