Introduction

Le grand écart est-il de plus en plus important entre les belles intentions de l’équilibre diététique et la valse des prix des produits alimentaires ?

Depuis plusieurs mois, l’alimentation est frappée de plein fouet par une inflation galopante. Cette valse des prix n’est bien sûr pas sans rapport avec la crise qui touche le monde économique. D’ailleurs, selon une étude du Credoc de février 2008, le contexte économique actuel conduit globalement les Français à arbitrer leurs dépenses en défaveur de l’alimentation. Le poids des dépenses alimentaires (à domicile et hors du domicile) dans la consommation qui s’était stabilisé autour de 19,7 % entre 1994 et 2003 a fortement chuté, pour tomber selon l’INSEE (2006), à 16,4 % du budget total des familles, l’alimentation demeurant cependant toujours le premier poste de dépenses des Français. Et pour un Français sur cinq, l’alimentation est d’abord une nécessité avant d’être un moyen de prévention pour la santé et un plaisir.

Ces deux dernières composantes restant les seuls termes employés par tous les experts en nutrition afin d’inciter les Français à bien manger, on comprend ainsi mieux pourquoi leurs recommandations ne sont pas toujours écoutées et surtout suivies. L’exemple des fruits et légumes, très observés pour leur caractère « diététiquement correct », car ils sont à la base de nombreuses recommandations santé (Programme national Nutrition Santé et son « manger au moins cinq fruits et légumes par jour » ou encore l’OMS qui estime qu’il faut consommer entre 400 et 600 g de fruits et légumes pour prévenir de nombreux cancers) est frappant. Depuis quarante ans, la consommation de fruits et légumes frais ne cesse de baisser, alors que nous nous trouvons devant un choix de plus en plus vaste et que les messages encourageant leur consommation sont de plus en plus présents. Entre 1997 et 2005, leurs achats ont fléchi de 12 % pour les fruits et de 14 % pour les légumes. Selon l’INSEE, les ménages français leur consacrent aujourd’hui dans leur budget total deux fois moins en moyenne qu’en 1960. Bien entendu, on peut évoquer la part grandissante des produits manufacturés (pizzas toutes prêtes, poissons panés, conserves et plats surgelés, etc.) le manque de temps pour cuisiner (travail mais aussi loisirs occupant maris et femmes) ou encore le manque de « savoir-faire » (les enfants se désintéressant de la cuisine et des carottes à éplucher), mais il ne faut pas oublier leur prix ! Entre l’été 2007 et l’été 2008, les fruits ont augmenté de 15 % et les légumes, de 10 % selon l’observatoire des Familles Rurales. Certains ont fait des bonds incompréhensibles. Si le melon n’a augmenté « que » de 3,6 % durant cette même période, les tomates ont fait un bon de 11,5 %, les pêches de 26 %, les abricots de 33,7 % et les haricots verts de plus de 86 % ! Ce qui est encore plus incompréhensible, c’est qu’il existe de significatives disparités de prix d’un département à un autre, allant parfois du simple au double, pour un même produit et dans une même surface de vente.

Les fruits et légumes sont donc régulièrement jugés comme aliments financièrement inaccessibles par une grande partie de la population, et c’est donc l’argument majeur avancé face à leur « non-consommation ». Mais il n’y a pas qu’eux qui ont fortement augmenté. L’Institut national de la consommation (INC) a également relevé des augmentations de prix pouvant aller, pour certains produits, jusqu’à + 48 %. Cette hausse concerne essentiellement les aliments de base, nécessaires pratiquement tous les jours à une famille (beurre, yaourt, jambon, etc.). D’autres associations de consommateurs, notamment l’UFC Que choisir, ont par ailleurs également indiqué début 2009 que le prix du bœuf en rayon a augmenté de 50 % entre 1990 et 2008 ! Entre juillet 2007 et juillet 2008, l’alimentaire a progressé deux fois plus vite que l’indice général des prix à la consommation (6,4 % contre 3,6 %).

On comprend mieux pourquoi dans leurs conclusions, les participants du sommet organisé à Paris (Unesco, 2008) par Aprifel (Association pour la recherche et l’information des fruits et légumes) affirment qu’« assurer l’accès à une alimentation saine pour les groupes à faibles revenus devrait être une priorité de santé publique ». Le prix des produits alimentaires progressant de mois en mois, à moins d’avoir les salaires qui suivent, la fracture sociale est criante en matière de nourriture.

En clair, il existe bien pour une grande partie de la population une contradiction entre « il faut manger équilibré » et « le coût des aliments », alors qu’il existe une insécurité budgétaire. Peut-on alors encore manger sain et équilibré sans faire exploser son budget ? Fort heureusement, la réponse est oui, et le livre que vous avez entre les mains en est la preuve.

Non seulement il comporte des recettes qui sont saines, simples et économiques, mais il comprend également de nombreux conseils pratiques afin d’adopter une meilleure stratégie pour vos achats alimentaires. Car contrairement à ce que l’on pourrait croire, et ce malgré les chiffres infernaux des premiers paragraphes, il est tout à fait possible de manger sain sans se ruiner. Il suffit d’un brin d’organisation, d’une pincée d’attention et surtout d’une bonne dose d’astuces.

Alors découvrez vite ces recettes contre la vie chère et dévorez le premier chapitre qui vous rappelle comment concilier repas équilibrés et budgets serrés. Bonne lecture, bonne découverte et bon appétit !

Note 1 : Les prix cités dans l’ouvrage sont issus de l’été 2007 et 2008, ainsi que des relevés effectués durant la période de novembre 2008 à mars 2009.

Note 2 : Sauf indication contraire, les recettes de l’ouvrage sont proposées pour 4 personnes.



Chapitre 1
10 Conseils pour manger moins cher

Conseil n°1 : Investissez dans un congélateur

Misez sur la congélation. En effet, non seulement elle permet de conserver des préparations le plus longtemps possible et de ne pas jeter des restes, mais aussi de bénéficier de nombreuses offres économiquement intéressantes (lots, promotions, légumes de fin de marché, etc.). Vous pouvez ainsi profiter des bonnes affaires pour faire le plein de bonnes idées à bas prix. Il ne s’agit pas de remplir le congélateur d’aliments gras et sucrés (pizzas, hamburgers, crèmes glacées, etc.), mais bien de produits surgelés simples et basiques très intéressants. C’est le cas par exemple des légumes, parfois moins chers et tout aussi « nutritionnellement » corrects que les légumes frais, car si ces derniers sont meilleurs pour le goût, ceux qui sont surgelés présentent des intérêts nutritionnels égaux, voire supérieurs. En effet, ils garantissent de bons apports en vitamines et minéraux car entre la récolte et la mise en surgélation, il s’écoule en fait réglementairement moins de 12 à 24 heures, pour une question de sécurité alimentaire, afin que des bactéries ou des moisissures ne s’y développent pas. Du coup, les micronutriments ont moins le temps de « s’envoler ». À l’inverse, depuis combien de temps les légumes traînent-ils sur les étals de votre hypermarché ?

D’un point de vue prix, les légumes surgelés sont tout aussi compétitifs que les frais, voire meilleur marché, surtout hors saison. C’est le cas par exemple des courgettes : les fraîches sont en moyenne à 4,70 € le kilo en hiver, 1,70 € en été et 1,60 € toute l’année lorsqu’elles sont congelées, déjà prêtes à l’emploi, donc sans déchets ! C’est la même chose pour les poireaux (que l’on trouve en moyenne à 1,95 € le kilo lorsqu’ils sont surgelés et déjà en rondelles alors que frais, ils sont en moyenne à 2,40 €), les épinards (4,70 € le kilo frais contre 1,30 € surgelés et déjà hachés) ou encore les haricots verts (4,50 € le kilo frais contre 1,60 € le kilo de surgelés)… Seuls quelques légumes, comme les carottes, sont encore plus intéressants frais que surgelés (les carottes fraîches sont en moyenne à 0,95 € le kilo contre 1,30 € le kilo surgelées, mais il faut remarquer quand même que dans ce cas, elles sont déjà épluchées et débitées en rondelles) !

Il faut noter également que les légumes sont bien souvent moins chers surgelés qu’en conserve : les petits pois extra fins sont à 2,10 € le kilo en moyenne surgelés, alors que leur prix, toujours au kilo, est en moyenne à 2,60 € lorsqu’ils sont en conserve. De plus, lorsqu’ils sont surgelés, ils le sont bien souvent de façon « portionnables », ce qui est très pratique : on ouvre le paquet, on prend sa « juste » dose de légumes, puis on referme le paquet que l’on remet au congélateur. En revanche, une fois ouvertes, les conserves de légumes doivent être rapidement consommées.

D’autres aliments peuvent représenter un intérêt financier une fois surgelés. Le filet de merlu frais se trouve par exemple aux alentours de 11,30 € le kilo alors que surgelé, il est en moyenne à 9,62 € ! Le colin est à environ 10 € le kilo frais, alors qu’il est à moins de 7 € surgelé !

Conseil n°2 : Achetez des produits de saison

Arrêtez de consommer des cerises en février venant du Chili, des fraises en janvier en provenance d’Égypte ou encore des tomates d’Espagne dès la fin février. Elles sont chères non seulement à cause de leur transport, mais aussi à cause des cultures sous serres qui nécessitent un énorme investissement. Elles sont également non écologiques, et ce, pour la même raison (transport en avion, énergie dépensée des cultures sous serres, pollutions et appauvrissement des nappes phréatiques, etc.). De plus, les produits de saison sont plus riches en goût, en sels minéraux, en oligo-éléments et en vitamines que leurs proches « cousins » poussant « artificiellement », car ces derniers sont gorgés de beaucoup plus d’eau. Pour manger sain et bénéficier de tarifs généralement inférieurs, foncez vraiment sur les produits de saison.

Bien entendu, tout le monde sait que les tomates poussent en été et les pommes à la fin de l’automne (quoi que), mais il faut se rappeler que la majorité des autres fruits et légumes répondent également dans la nature à des rythmes saisonniers et qu’ils seront donc plus ou moins chers à différents moments de l’année lorsque leur production est plus ou moins importante. Ainsi les haricots verts ne poussant pas toute l’année, vous devez vous en apercevoir très vite à la caisse : leur prix est de 7,50 € au kilo hors saison, contre moins de 4 € en été. À l’inverse, les aubergines en été sont vendues au prix de 2,20 € le kilo et 4,50 € en hiver.

Même chose pour de nombreux aliments (fromages, poissons, etc.) dont les prix et les atouts nutritionnels et gustatifs varient eux aussi selon la période de l’année. Manger sain et pas cher en profitant des aliments de saison est aussi bon pour la santé que pour le porte-monnaie. La meilleure façon de payer moins cher des aliments de qualité, c’est déjà de se renseigner sur la saisonnalité des différents produits, soit en se promenant sur les marchés, soit en découvrant l’agenda suivant :

Les aliments de l’hiver

Au rayon fruits : Ananas, banane, clémentine, kiwano, kiwi, kumquat, litchi, mandarine, mangue, orange, poire, pomelo, pomme…

Au rayon légumes : Avocat, blette, brocoli, cardon, céleri, chicorée, chou-fleur, endive, mâche, navet, oseille, poireau, pomme de terre, salsifis…

Au rayon boucherie : Cheval, viandes à pot-au-feu, porc (filet mignon, longe…), volailles…

Au rayon poissonnerie : Bigorneau, cabillaud, huître, maquereau, merlan, saumon…

Divers (épicerie, fromager, etc.) : Infusions, lentilles vertes, soupes, thym…

Les aliments du printemps 

Au rayon fruits : Ananas, cerise, fraise, mangue, pamplemousse rose…

Au rayon légumes : Artichaut, asperge, betterave rouge, carotte nouvelle, chou de Bruxelles, concombre, cresson des fontaines, navet, oignon, petit pois, pomme de terre primeurs, radis, salade, tomate…

Au rayon boucherie : Abats, agneau, foie, pintade, veau…

Au rayon poissonnerie : Araignée de mer, bulot, crevette, poissons à chair blanche, sole…

Divers (épicerie, fromager, etc.) : Basilic, bruccio, cerfeuil, crottin de Chavignol, oignon blanc…

Les aliments de l’été

Au rayon fruits : Abricot, cassis, fraise, framboise, groseille, melon, mirabelle, mûre, myrtille, nectarine, pastèque, pêche, poire, prune, reine-claude, rhubarbe…

Au rayon légumes : Ail, artichaut, aubergine, concombre, courgette, échalote, fève, haricot en grains, haricot vert, poivron, salade (laitue, par exemple), tomate…

Au rayon boucherie : Bœuf, grillades…

Au rayon poissonnerie : Calamar, fruits de mer, langoustine, sardine, thon frais, turbot…

Divers (épicerie, fromager, etc.) : Cantal, ciboulette, coulommiers, rocamadour, saint-marcellin…

Les aliments de l’automne

Au rayon fruits : Châtaigne, figue, grenade, kiwi, noisette, noix, poire, pomme, prune, raisin…

Au rayon légumes :Brocoli, carotte, céleri, champignon, chou rouge, chou vert, citrouille, courge, courgette, cresson, épinard, fenouil, potiron…

Au rayon boucherie : Gibiers, lapin…

Au rayon poissonnerie : Rascasse, tourteau, truite…

Divers (épicerie, fromager, etc.) : Aneth, brie, polenta, pruneau, saint-nectaire…

Conseil n°3 : Pour économiser, faites déjà le point sur vos priorités

« On a toujours le choix, on est même la somme de tous ces choix » disait Joseph O’Connor dans son roman Desperados. Et c’est encore plus vrai en matière d’alimentation et d’économie. D’accord, les fruits et légumes ne sont pas donnés, mais comme le rappelle, lors de sa dernière campagne promotionnelle, l’Association pour la recherche et l’information des fruits et légumes (Aprifel), il ne faut pas se tromper de combat : avec le prix d’un expresso en terrasse, vous pouvez vous pré-parer plus d’un litre de soupe maison pour une famille de trois ou quatre personnes. Pour le prix d’un ticket de jeu à gratter, c’est une grande et délicieuse salade composée et remplie de légumes de saison qui vous attend. À la place d’une simple barre chocolatée du distributeur, c’est une énorme grappe de raisin vitaminée que vous pouvez dévorer. Il suffit simplement de comparer le prix d’un paquet de chewing-gum acheté en caisse d’un supermarché (entre 3 à 4 €) avec celui d’un kilo de pommes de ce même supermarché (2,40 €) pour mieux comprendre que parfois nous avons tendance à faire le mauvais choix et à râler pourtant sur le prix de nombreuses denrées !

De même, des études ont montré que lorsque le pouvoir d’achat augmente, ce ne sont pas les denrées alimentaires qui représentent les premiers achats des consommateurs, mais plutôt les nouvelles technologies (téléphone portable, ordinateur, écran plas, etc.).

Pourquoi également remplir bien souvent plus de la moitié de son caddie avec des sucreries (barres chocolatées, sodas, glaces, biscuits, céréales du matin pour les enfants, etc.) trop sucrées et dénuées de vitamines, de viennoiseries industrielles (brioches, croissants, pâtisseries, etc.), trop riches en additifs et en graisses de mauvaise qualité, de plats tout prêts aux saveurs trop homogènes et bourrés de graisses (hachis parmentier, brandades, etc.) ou encore de pâtes à tartiner bien trop grasses et trop sucrées (dont les étiquettes montrant un verre de lait et des noisettes nous induisent volontiers en erreur) ? Tous ces exemples ne sont bien entendu pas des préparations à « bannir » forcément de votre alimentation, mais ils doivent être consommés de temps en temps d’un point de vue diététique pour une nutrition équilibrée et saine. De même, économiquement parlant, ils sont vraiment très chers. Du « fait maison » ou des aliments plus basiques sont plus abordables et beaucoup plus sains (pains, carrés de chocolat, compotes, confitures, fruits frais, muesli, fruits secs, amandes, noix, pommes de terre, légumes secs, sardines et maquereaux en conserves, œufs, etc.). Et le jour où vous avez envie d’un gâteau, faites-le vous-même, il sera meilleur pour la santé comme pour les papilles et coûtera au moins deux fois moins cher qu’une pâtisserie industrielle ou que des biscuits de piètre qualité !

Et que penser des produits dits « de 4e gamme » (salades en sachets, pommes de terre épluchées, betteraves coupées en cubes, etc.) ? Ultra pratiques, certes, mais aussi beaucoup plus onéreux. Ainsi, les carottes déjà râpées au rayon frais coûtent 4,50 € le kilo alors qu’un kilo de carottes vaut moins de 1 €. La laitue en sachet vaut 2,70 € alors qu’en vrac, elle coûte 1,40 €. La différence de prix vaut sans doute que l’on passe 5 minutes à les préparer, non ?

Enfin, petit message aux candidats à la « minceur » : si vous mettez beaucoup d’argent dans des produits « light », des biscuits minceur ou encore des compléments alimentaires, soyez conscient qu’ils sont chers, la plupart du temps moins bons que les originaux ou d’une « efficacité » douteuse et parfois même plus riches en calories que les « classiques ». C’est le cas par exemple du chocolat « light », contenant certes moins de sucre, mais plus de graisses qu’un bon chocolat : il est donc aussi calorique et pas forcément intéressant pour les « régimes ». En effet, il existe 30 % de graisses dans un chocolat « classique » et 40 % dans un chocolat dit « light » ! Cherchez l’erreur ! Les soupes minceurs ne sont également que des arguments marketing pour vendre à « prix d’or » de l’eau et quelques légumes, qui, en version classique, ne sont en aucun cas grasses. Quant aux laitages, il faut se rappeler qu’entre un yaourt nature basique et un yaourt 0 %, il n’y a qu’un gramme de graisse de différence, et donc neuf petites calories, avec une facture qui s’allège surtout de 80 %.

Faites le vide du superflu, vraiment nuisible pour votre budget !

Conseil n°4 : préparez bien vos courses

Savoir acheter pas cher et sain nécessite de connaître les produits et leurs prix : comparer, chercher les bonnes affaires, réfléchir, attendre si besoin, négocier… En clair, il faut bien préparer ses achats. Cela demande un peu de temps, mais à court terme, c’est payant.

Définissez par exemple en famille les plats qui plaisent à tous, puis essayez de les regrouper en repas types sur cinq à six jours. Avant de partir en courses, faites alors déjà le point sur vos réserves et faites une liste des articles dont vous avez vraiment besoin. Il vaut mieux partir avec une liste de courses déjà prête pour être sûr d’avoir tout sous la main au moment de préparer ces repas prévus à l’avance. Cela vous permet aussi de gagner du temps et de ne pas être tenté d’acheter n’importe quoi.

Gérez ainsi vos achats et préférez retourner au super-marché plutôt que d’en prendre trop et de jeter. Faites vos courses également de préférence après un repas, ou du moins le ventre plein (prendre, par exemple, une collation avant de partir), pour ne pas être guidé par vos sensations de faim vers des préparations coûteuses ou d’en mettre plus dans le chariot, notamment des produits transformés, plus chers, comme les biscuits, les gâteaux… Calé, vous pourrez plus facilement vous en tenir à l’essentiel. Allez également en courses, si possible, sans les enfants, qui incitent bien souvent à acheter des aliments « vus à la télévision », souvent plus chers.

Prévoyez également un carnet durant vos courses pour noter les prix des différents produits que vous prenez ainsi que ceux des produits de base. N’hésitez pas ensuite dans la mesure du possible à changer de lieu pour vos courses (une autre enseigne, du hard discount, un marché…) et comparez les prix. Vous verrez bien des surprises, avec des prix allant du simple au double pour les mêmes produits !

Conseil n°5 : Sachez où acheter

Les possibilités de manger pour moins cher et mieux à la fois ne manquent pas, à condition de bien choisir le lieu de vos courses. Tous les endroits connus, que ce soit le marché du coin ou le grand hyper de la région, présentent des intérêts mais aussi des inconvénients. Il ne faut donc pas hésiter à varier et à changer de lieu régulièrement en fonction de vos achats. Si vous n’achetez qu’au même endroit, votre marge de manœuvre reste minime. Vous vous en rendrez vite compte si vous tenez un carnet comme vu précédemment !

Le marché : Le marché est un lieu magique, avec ses rencontres, ses odeurs, ses couleurs, ses idées que l’on prend au détour d’un étal… mais aussi parfois ses prix qui peuvent être assez élevés. On reproche d’ailleurs souvent aux légumes et fruits, souvent bien meilleurs en goût que dans la superette du coin, d’y être un peu plus chers qu’ailleurs. Pourtant, tous ne le sont pas, surtout si vous misez sur les produits locaux. Il faut alors privilégier les petits producteurs qui présentent, c’est vrai, des produits moins standardisés, mais qui sont bien souvent délicieux et surtout moins chers. De même, achetez en fin de marché, vers 13 heures, car c’est là que tous les marchands font en général de bons prix. Plutôt que de devoir tout rapporter aux camions, ils vous proposent eux-mêmes des rabais très intéressants : trois ananas pour le prix d’un seul, la cagette de raisin bradée, la deuxième botte de carottes offerte… Au moment de remballer, les prix sont vraiment « cassés ». Du coup, prévoyez de la place au congélateur ou allez-y avec une amie pour partager le « butin ». Exception pour le marché, ne partez pas avec une liste déjà prête, mais laissez-vous plutôt inspirer par les produits intéressants du moment ou par ceux qui vous sont donc proposés naturellement par le commerçant en cette fin de marché : vous varierez ainsi votre alimentation, ce qui sera bon pour votre santé et votre porte-monnaie.

Le hard discount : Les magasins de hard discount raflent les parts de marché en ces temps de crise. Et c’est un peu normal, car les prix y sont en général de 30 à 80 % moins élevés que ceux pouvant être pratiqués dans les grandes et moyennes surfaces standard. Bien sûr, il ne faut pas avoir peur du côté déprimant des locaux, des lumières lugubres, des étagères branlantes et des cartons posés à même le sol en guise de présentoir ! La qualité moins intéressante des produits proposés est régulièrement mise en avant par les détracteurs des magasins de hard discount. Mais il faut tout de même se rappeler que la majorité (environ 65 %) des produits que l’on y trouve sont fabriqués par des PME européennes qui fournissent également les linéaires des supermarchés « classiques ». Ce qui change, c’est bien souvent le type de conditionnement, les informations sur l’étiquette, l’absence de publicité, les portions, etc. Soyez alors suffisamment sélectif sur certains produits de consommation courante, bien moins chers qui peuvent de toute manière être achetés dans ce type de magasin sans vraiment souffrir de la qualité : beurre, farine, sucre, yaourt, pâtes, moutarde, cornichons, vinaigre, sel, poivre, essuie-tout, boîtes en plastique pour conserver au congélateur… Ils ne souffrent d’aucune comparaison et n’ont donc pas d’intérêt, d’un point de vue économique, à être achetés plutôt dans un supermarché classique qu’ici.

Les supermarchés : Souvent pratiques car implantés non loin des centres-villes, le ticket de caisse n’y demeure pas moins variable en fonction bien entendu des enseignes, du directeur du magasin ou des promos en cours. Ces dernières concernent bien souvent des produits frais qui se périment le lendemain. Cela peut alors valoir le coup, encore une fois si vous pouvez congeler, ou si vous les consommez immédiatement. Il n’est cependant pas question de manger trois fois plus de jambon ou de crèmes desserts parce qu’elles deviennent « limite », sinon ce n’est plus une affaire, ni pour votre porte-monnaie, ni pour votre équilibre nutritionnel ! L’avantage réel des supermarchés réside dans le fait qu’ils présentent bien souvent une offre moins grande que les grands « hypers », et que du coup, on est moins tenté… N’hésitez pas à lever la tête ou à vous baisser un peu devant les rayons, c’est souvent là que se trouvent les produits les moins chers : l’huile de colza, les pâtes aux œufs ou complètes, le riz, la semoule, le jus d’orange ou encore les compotes et les confitures sont des produits qui y sont très abordables et de bonne qualité.

Les hypermarchés : C’est sûr, on ne fait pas vraiment d’économie en allant faire ses courses à l’hypermarché. On y trouve les grandes marques, gage de qualité pour la plupart des consommateurs, mais les prix y sont élevés. Malgré l’entrée en vigueur de la loi de modernisation de l’économie en août 2008 (dont certaines mesures visent par exemple à augmenter le pouvoir d’achat des consommateurs par l’introduction de la liberté tarifaire entre les fournisseurs et les distributeurs afin de rendre les relations commerciales plus efficaces en supprimant le système des marges arrière) et le fait que la production des matières premières (lait, céréales, etc.) et la baisse du prix du pétrole sont enfin bien réels, les prix des produits de marque restent toujours hauts.

L’avantage en hypermarché, c’est que vous pouvez réellement comparer les prix. Il existe par exemple des produits de marque des distributeurs, dits MDD, qui sont certes plus chers que les premiers prix ou que les produits de hard discount, mais bien moins chers et surtout bien souvent d’aussi bonne qualité que ceux des grandes marques nationales : biscuits, biscottes, pain de mie, huile d’olive, fromage, jambon, conserves diverses, produits surgelés deviennent alors très intéressants à acheter sous cette forme dans les hypermarchés.

Intéressants également, les lots de viande, de fruits de mer ou de poissons lors des foires promotionnelles.

Mais attention aux tentations, car les hypermarchés représentent tout un système savamment étudié pour vous faire consommer plus. Vous y rendre avec votre liste est quasi obligatoire pour espérer faire de vraies économies.

Les producteurs : Si vous en avez la possibilité, allez directement chez un producteur. Au moins aucun intermédiaire ne prend de commission au passage. Pensez aux différentes fermes qui demeurent dans nos campagnes de vrais lieux de promenades pour toute la famille lors d’une journée ensoleillée ou d’un week-end : elles y vendent leurs produits sur place : œufs, fromages, fruits, légumes… En plus, c’est écolo (emballages limités, produits locaux et de saison) et beaucoup plus sain (produits frais et non transformés).

Certains producteurs proposent également des cueillettes de fruits et légumes directement dans les champs : c’est vous qui récoltez, vous payez ensuite au poids, à un prix dérisoire.

En fin de saison, vous pouvez également toujours « glaner » dans les champs. Quand la récolte est terminée, vous avez légalement le droit (code pénal R26) de venir ramasser les légumes ou les fruits que les machines agricoles n’ont pu ramasser ici et là. Demandez tout de même l’autorisation à l’agriculteur ou au propriétaire, et n’hésitez pas à rechercher les bons plans (pommes de terre, pommiers, laitues, etc.) : c’est tout simplement gratuit !

Enfin, vous pouvez vous-même être « cultivateur », même sans jardin : pensez, par exemple, aux herbes aromatiques que vous mettrez en pot, sur votre balcon ou dans votre cuisine, et utiliserez pour parfumer de bons petits plats maison. C’est toujours quelques économies de faites !