PREMIÈRE PARTIE
Résumé et repères pour la lecture
Le livre est composé de vingt-six chapitres, non numérotés, de longueur inégale et renfermant des éléments de nature très différente : pour la commodité du résumé, nous avons divisé le texte en six séquences, chacune regroupant un nombre variable de chapitres présentant une certaine unité.
Par ailleurs, un résumé linéaire est difficilement praticable, du fait que le texte est traversé par trois lignes narratives qui s'entrelacent :

- la ligne biographique (tentative de reconstitution de la vie de Dora);
- la ligne du récit d'enquête (le narrateur rend compte des démarches qu'il a entreprises pour parvenir à cette reconstitution) ;
-la ligne autobiographique (le narrateur nous fait part de souvenirs personnels qui surgissent au fil de l'enquête).
Nous avons dans chaque résumé de séquence distingué ces trois niveaux.
SÉQUENCE 1 (pages 7 à 12)
RÉSUMÉ
Biographie
Dès les premières lignes, le nom de Dora Bruder apparaît dans un avis de recherche la concernant, et datant de 1941 ; cette annonce fait office de fiche signalétique. Nous apprendrons plus tard (p. 77) que cette annonce a été passée par les parents de Dora, suite à une fugue de la jeune fille.
Enquête
« Il y a huit ans » : ces premiers mots du texte nous renvoient à l'année 1988 comme point de départ de l'enquête. L'écrivain datera en effet plus loin la période à laquelle il écrit ces lignes (fin 1996 - début 1997, voir p. 50 et 121) et précisera le moment où il a découvert l'annonce (« En décembre 1988, après avoir lu l'avis de recherche de Dora Bruder », p. 53). Dans ces premières pages, il n'y a pas encore de récit d'enquête au sens strict. C'est d'après ses propres souvenirs d'enfance et de jeunesse que le narrateur esquisse le cadre du quartier parisien qu'habitait Dora. Des détails concernant l'immeuble des Bruder, les rues et les cafés avoisinants, impliquent toutefois qu'il est revenu sur les lieux et qu'il a pris des renseignements, en vue de sa recherche.
Autobiographie
L'adresse portée sur l'annonce déclenche les réminiscences du narrateur. Dans son passé, deux époques sont liées à ce quartier de Paris, proche de la porte de Clignancourt : l'enfance - à douze ans, il accompagnait sa mère au marché aux Puces - et le début de l'âge adulte - à vingt ans, il attendait indéfiniment dans les cafés du quartier (aucune indication sur l'objet de ces attentes).
REPÈRES POUR LA LECTURE
Le quartier Clignancourt, un premier rapprochement avec Dora Bruder
Dès l'ouverture, les visages et les époques tendent à se superposer dans la mémoire du narrateur, à partir d'un point commun qui sert d'ancrage dans l'espace : le quartier Clignancourt. Ce quartier est associé à la jeunesse de Dora pour les années 1930-1940, à l'enfance du narrateur pour les années 1950, à sa vie incertaine de jeune homme pour les années 1960.
C'est donc le quartier Clignancourt qui autorise le premier glissement du biographique à l'autobiographique. L'écrivain insiste sur la superposition de certains éléments de sa vie sur celle de Dora : dans l'ensemble du livre, il tendra ainsi à mettre en avant les traits communs à sa vie et celle de la jeune fille (par exemple, leur commune expérience de la fugue).
Changement et disparition
Les thèmes du changement et de la disparition marquent fortement ces pages : cafés, hôtels, cinémas changent de nom ou disparaissent ; un photographe a sans doute été, avec le temps, emporté par « le flot des passants » (p. 8). Ces menus faits, banals en eux-mêmes, prennent d'emblée une résonance symbolique dans un livre consacré à la quête de ce que le temps et l'histoire tendent à effacer : le destin des êtres anonymes (→ PROBLÉMATIQUE 5, p. 60).
On peut aussi voir dans la figure du vieux photographe l'image du narrateur-enquêteur cherchant à fixer pour nous le visage de Dora, tout en étant pris lui-même dans le flux du temps (→ LECTURE 1, p. 98).
Signes précurseurs et hasards ?
Le narrateur invite à lire ses liens anciens avec le quartier de Dora comme un signe précurseur de son intérêt actuel pour la jeune fille et ses parents : « Ils étaient là, déjà, en filigrane » (p. 11). « Là », c'est-à-dire en lui : en 1965, avant même qu'il ait rencontré le nom de Dora Bruder, une mystérieuse identification à la jeune fille et ses parents était déjà en germe en lui.