1979
janvier

– Rédaction d’une Préface à la quatrième édition italienne de « La Société du spectacle ».



février

– Guy Debord rédige une Déclaration à paraître dans tous les catalogues des Éditions Champ libre.

28 – Publication aux Éditions Champ libre de Préface à la quatrième édition italienne de « La Société du spectacle ».



mars

– Guy Debord quitte Paris.



mai

– Parution aux Éditions Vallecchi, à Florence, de La Società dello spettacolo, précédée de la Prefazione alla quarta edizione italiana de «La Società dello spettacolo » (traduction de Paolo Salvadori).
décembre

– Champ libre publie Protestation devant les libertaires du présent et du futur sur les capitulations de 1937, par un « Incontrôlé » de la Colonne de Fer (traduit de l’espagnol par Alice et Guy Debord).
À Paolo Salvadori

Vendredi 19 janvier 79

Cher Paolo,

Il semble que la situation commence à s’éclaircir sur le terrain de l’édition en Italie.
Notre Nuovo-Vallecchi a enfin envoyé à Paris le contrat signé du Spectacle1. Il a donc probablement réussi à garder son emploi, et j’espère que le camarade Cieszkowski2 passera du même coup. J’ai dit à Lebovici qu’il pouvait signer ce contrat. Je pense t’envoyer vers la fin de ce mois la préface (de 15 ou 20 pages), que j’écris en ce moment3.
La réponse de Nizza4, insolente en surface mais très embarrassée au fond, confirme évidemment qu’il avait bien l’intention de publier l'I.S., et ne dit pas positivement qu’il y renoncera. C'est le ton, bien contemporain, du petit truqueur vexé, qui en tout cas n’a pas non plus le courage de maintenir fermement son projet. Je crois tout de même que l’éventualité la plus probable est qu’en fin de compte il n’osera pas. Surtout après la brève et dure réponse de Lebovici4, dont tu vas recevoir une copie. Je pense donc que, pour l’instant, il suffit que tu écrives, à celui que la rumeur publique a pu présenter, malheureusement pour son repos, comme le traducteur éventuel5 de Nizza, une violente lettre d’injures et de menaces. Pense en l’écrivant qu’elle devra figurer dans le volume II de Correspondance6, et donc fais-la terrible et magnifique. Mais au plus vite. Après quoi, nous pourrons attendre la suite, qui peut-être n’existera même pas. Arcana7 a envoyé à Paris la lettre ci-jointe. Évidemment, c’est un effort pour conclure la chose par-dessus ta tête, et en nous parlant de 3 000 francs ! Lebovici leur répond que c’est avec toi qu’ils doivent s’accorder sur les termes du contrat. Je lui ai dit de t’envoyer aussi, comme tu me l’avais demandé, ses propres formules de contrat. Ajoute toutes tes conditions, sans les ménager en rien (y compris sur les conditions financières pour toi, avances, etc.). S'ils sont d’accord, qu’ils signent le texte que tu auras établi, et envoie-le alors à Champ libre pour la dernière signature. J’espère que tu pourras, et surtout s’ils viennent te parler, leur faire savoir combien l’auteur les méprise pour leur passé indiscutable et leur avenir très probable; et qu’il ne les acceptera que s’ils se montrent extrêmement doux. Assurément, ils veulent une réponse rapide, et on ne pourra plus les faire attendre beaucoup. Considérant que nous n’avons plus le Spectacle à offrir à Bologne8, il faut savoir au plus vite si Bologne veut prendre les Œuvres cinématographiques. Si Bologne signait tout de suite, tu dirais à Arcana que l’auteur a préféré un éditeur moins compromis avec Ratgeb-Dupuis9, Perniola et autres piteuses charognes. Sinon, on pourra laisser faire Arcana, si ces gens souscrivent à tout ce que tu veux. Dans cette éventualité, il ne resterait plus pour Bologne que le projet I.S.-anthologie.
À mon avis, l’histoire des Ciompi10 est facile à traduire. En tout cas, je pourrai réviser la traduction (je n’ai pas eu encore de nouvelles à propos de l’option demandée).
Tu verras, par un des documents ci-joints, que Viénet, non seulement est devenu journaliste, mais fait lourdement l’éloge du dictateur de Formose11. Il ne se contente pas de ses concessions aux staliniens ; il court aussi vite qu’il peut à une prostitution universelle.
Où en est l’Italie ? Pour le moment, l’Iran a dépassé tout le monde dans le désordre, et l’Espagne du post-franquisme paisible pourrait bien voler en éclats dans un très bref délai.