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— En plus, il est vraiment canon ! Il peut venir prendre ma commande quand il veut.

Je lançai un regard hargneux à l’écran télé de ma chambre d’hôtel. Dieu savait peut-être pourquoi j’avais arrêté mon choix sur ce magazine matinal, mais moi, je ne m’attendais certainement pas à voir l’homme que j’aimais à l’écran… ni à entendre une animatrice incroyablement glamour faire des gorges chaudes sur son niveau de sexytude.

Son comparse renchérit :

— Peut-être qu’il va installer des cabines de vote dans tous les restos de son ami Pembry.

Le comble.

Je m’enfuis dans la salle de bains. La blessure que Jax m’avait infligée en investissant dans Pembry Ventures me faisait encore mal, mal au point que je doutais de pouvoir lui pardonner un jour de m’avoir roulée de la sorte. Peut-être que j’avais tort de le prendre personnellement, peut-être que ce n’était « que du business », mais il y a des choses qu’on ne fait pas à ceux qu’on aime et mettre en péril leur job — un job adoré en plus — était l’une d’elles.

J’étais déterminée à découvrir ses raisons et… à lui rendre la monnaie de sa pièce. J’étais amoureuse de lui, certes, mais ça ne changeait rien à l’affaire. Je n’étais même pas sûre que ça change quoi que ce soit dans l’absolu.

Je venais juste d’accrocher ma trousse de maquillage au porte-serviettes, lorsque le téléphone de la chambre retentit. Chad qui s’impatientait, probablement. Me doutant que j’avais pris beaucoup plus de temps que lui pour défaire mes valises, j’imaginai qu’il était déjà prêt pour partir visiter l’emplacement de son futur restaurant, dans ce même hôtel. L’Atlanta Mondego était en passe de devenir une destination avec un grand D, et j’aurais bientôt de la poussière de ciment dans les semelles de mes Jimmy Choo pour le prouver.

Je décrochai depuis la salle de bains.

— Ça va ? Déjà installé ?

— Gia, bon sang ! Rallume ton portable !

Profonde, sexy, la voix de Jax s’empara de mes sens en libérant un flot de souvenirs précieux et torrides, et quelque chose au fond de moi vibra de plaisir à l’idée qu’il s’était donné du mal pour me retrouver. Jackson Rutledge était pourtant un homme débordé, qui avait l’embarras du choix côté femmes. Me suivre aux quatre coins du pays était franchement excessif. Et terriblement flatteur.

Je m’appuyai au meuble du lavabo.

— Flash info : je t’évite.

— Essaie toujours !

Je serrai les dents. Peu importait qu’il soit une bête au lit. Ou que je sois heureuse d’entendre sa voix. J’étais toujours en colère contre lui.

— Je vais raccrocher.

— Tu ne peux pas me fuir, dit-il d’une voix tendue. Et ne me ressors pas les mêmes conneries qu’hier. Il faut qu’on en parle.

— Tout à fait d’accord, sauf si tu me rappelles une fois de plus que je ne suis pour toi qu’un plan cul, et que ça ne changera pas, sans m’expliquer pourquoi au juste. J’en ai ma claque de tourner en rond. Tant que tu ne sauras pas me donner de vraies réponses, Jax, je ne te donnerai plus de mon temps.

— Tu vas me donner beaucoup plus que ton temps, Gia !

Ce ton… Je ne le connaissais que trop bien. C’était son ton « je vais te faire l’amour jusqu’à plus soif ».

— Dans tes rêves.

— Mon avion est sur le point d’atterrir, Gia. Je serai à ton hôtel dans moins d’une heure et tu vas prendre le temps de me voir.

— Quoi ?

Mon cœur, ce traître, bondit d’excitation. Depuis que j’avais quitté Jax la veille, ma libido tournait en quatrième vitesse, impatiente de franchir la ligne d’arrivée.

— Je n’en reviens pas que tu m’aies suivie à Atlanta ! Comment as-tu su ?

— Ta belle-sœur.

Oh ! Denise allait m’entendre ! Elle savait parfaitement quand se taire, ce qui voulait dire qu’elle avait parlé exprès.

— Eh bien, tu peux faire demi-tour sur-le-champ et rentrer chez toi. Je bosse, là, et je ne peux pas te faire confiance en ce qui concerne mon travail.

Je l’entendis inspirer sèchement : j’avais fait mouche.

— Très bien, rétorqua-t-il. Je t’enverrai une voiture. On se retrouvera à mon hôtel.

— J’ai à faire, aujourd’hui. Je te préviendrai si je peux me libérer et on trouvera un endroit neutre pour le rendez-vous.

Un bar, ou peut-être un centre commercial… Ou peu importe le lieu, tant qu’il n’offrait aucune intimité. Je ne pouvais pas me faire confiance, à présent que je savais ce qu’il éprouvait pour moi.

— A mon hôtel, Gia, insista-t-il. Ce n’est pas la peine de chercher protection dans un lieu public. On va baiser en long et en large où qu’on se trouve, de toute façon. Alors autant s’éviter la prison et les gros titres pour attentat à la pudeur, non ?

— Il faut vraiment que tu penses à soigner ton ego hypertrophié.

— Bébé, je ramperai à tes pieds s’il le faut.

Ce fut à mon tour de retenir mon souffle. Il savait parfaitement où appuyer pour mettre à bas mes défenses et me laisser à sa merci. J’essayai d’utiliser la même tactique.