Collection CINÉMA/ARTS VISUELS
 dirigée par Michel Marie

Dans la même collection

Vincent AMIEL, Esthétique du montage (2e édition).

Joël AUGROS, Kira KITSOPANIDOU, L’Économie du cinéma américain. Histoire d’une industrie culturelle et de ses stratégies.

Jacques AUMONT, L’Image.

Jacques AUMONT, Les Théories des cinéastes.

Jacques AUMONT, Le Cinéma et la mise en scène (2e édition).

Jacques AUMONT, Alain BERGALA, Michel MARIE, Marc VERNET, Esthétique du film (3e édition).

Jacques AUMONT, Michel MARIE, L’Analyse des films.

Pierre BEYLOT, Le Récit audiovisuel.

Jean-Loup BOURGET, Hollywood. La norme et la marge.

Noël BURCH, Geneviève SELLIER, La Drôle de guerre des sexes du cinéma français (1930-1956).

Francesco CASETTI, Les Théories du cinéma depuis 1945.

Dominique CHATEAU, Philosophies du cinéma (2e édition).

Michel CHION, L’Audio-vision. Image et son au cinéma.

Michel CHION, Le Son. Traité d’acoulogie (2e édition).

Laurent CRETON, Économie du cinéma. Perspectives stratégiques (4e édition)

Sébastien DENIS, Le Cinéma d’animation

Jean-Pierre ESQUENAZI, Godard et la société française des années 1960.

Jean-Pierre ESQUENAZI, Les Séries télévisées.

Guy GAUTHIER, Le Documentaire, un autre cinéma (3e édition).

Guy GAUTHIER, Un Siècle de documentaire français.

Martine JOLY, L’Image et les signes. Approche sémiologique de l’image fixe.

Martine JOLY, L’Image et son interprétation.

François JOST, André GAUDREAULT, Le Récit cinématographique.

Laurent JULLIER, L’Analyse de séquences (2e édition).

Laurent JULLIER, Star Wars. Anatomie d’une saga (2e édition).

Michel MARIE, Comprendre Godard. Travelling avant sur À bout de souffle et Le Mépris.

Raphaëlle MOINE, Les Genres du cinéma (2e édition).

Fabrice MONTEBELLO, Le Cinéma en France.

Yannick MOUREN, Le Flash-Back.

Jacqueline NACACHE, L’Acteur de cinéma.

Patrice PAVIS, L’Analyse des spectacles.

René PRÉDAL, Le Cinéma français des années 1990 (2e édition).

René PRÉDAL, Le Cinéma français depuis 2000.

François SOULAGES, Esthétique de la photographie.

Luc VANCHERI, Cinéma et peinture.

Francis VANOYE, Récit écrit, récit filmique.

Francis VANOYE, Scénarios modèle, modèles de scénarios (2e édition).

Introduction

La cinéphilie désigne la culture cinématographique, au double sens d’un savoir acquis par l’expérience des films et d’une action de cultiver (cultivation, disent les Anglais) le plaisir cinématographique. Elle recouvre tout à la fois la mémoire et la capacité à juger acquise au contact d’une technique artistique (techné) fréquentée pendant notre loisir d’homme libre (scholé).

Il existe plusieurs manières de cultiver le cinéma. La cinéphilie ne se réduit pas au discours savant sur le cinéma et sur certains films véhiculé par les médias et les publications. Il existe une cinéphilie ordinaire, qui ne sort pas du cadre de la conservation amicale et intime, celle de l’amateur de cinéma ordinaire (ordinary movie fan, disent les Anglais). Cette diversité est un bien, comme toute diversité culturelle. Mais la « modernité », au sens à la fois artistique et scientifique, défendue par la cinéphilie académique soucieuse d’intégrer le cinéma au patrimoine scolaire gêne la perception de la cinéphilie du simple consommateur. Une rhétorique professionnelle de l’« artiste créateur », qui attache la création au seul artiste, renforce cette difficulté à prendre en compte le rôle du consommateur « sans qualités » dans la transmission du sens de la qualité artistique et sa contribution à la pérennisation de la vie du cinéma.

Le cinéma est en effet un spectacle vivant, dont les formats de diffusion se sont diversifiés, lui permettant de toucher plus de personnes en permanence. La raréfaction du format d’exploitation en salles, dont les historiens contemporains nous rappellent qu’il dissimulait en fait une grande variété de spectacles, s’accompagne d’une prolifération des réseaux de diffusion grâce à la reproductibilité sans précédent qu’a apporté la technologie numérique. Ainsi y a-t-il aujourd’hui plus de cinéma qu’avant ce qui justifie le pluriel utilisé dans le titre de l’ouvrage. Plus de cinéma signifie plus de cinéphiles et plus de cinéphilies, la communication par Internet favorisant l’élaboration à distance, par des amateurs isolés, d’un discours collectif sur les films qu’ils admirent.

Cette cinéphilie plurielle ne se laisse pas facilement saisir. Chaque spectateur peut combiner des consommations très différentes et participer, sans s’y attacher, aux nombreux dispositifs d’échange – associations, festivals, forums internet, etc. – que génère, ça et là, le souci du cinéma, le plaisir d’un genre ou l’admiration d’un auteur.

Étudier la cinéphilie aujourd’hui impose de tenir compte conjointement de cette expérience individualisée du cinéma et du pouvoir d’agrégation sociale du film, d’articuler l’approche esthétique et l’observation sociologique du cinéma. Sans cet effort d’articulation en effet, la cinéphilie nous échappe, et nous nous condamnons à l’induire a priori de l’identité des spectateurs ou à la déduire a posteriori ce qu’ils ont regardé.