Hubert Védrine, Lionel Zinsou, Tidjane Thiam, Jean-Michel Severino, Hakim El Karoui
Un partenariat pour l’avenir
Pluriel
© Librairie Arthème Fayard, 2014.
9782818504598
01
ISBN : 978-2-818-50459-8
Un partenariat pour l’avenir
15 propositions pour une nouvelle dynamique économique
entre l’Afrique et la France
Rapporteurs adjoints :
Martin Fortes • Daniel Kamelgarn • Emmanuel Saliot
Avec la participation de Paul Sarton du Jonchay
et de Tristan Le Guen
Couverture : Rémi Pépin
Illustration : © Flixelpix - Fotolia.com
Dépôt légal : mai 2014
Librairie Arthème Fayard/Pluriel, 2014.
Table
Remerciements
Avant-propos
Préface
Introduction
La France et l’Afrique subsaharienne
se trouvent à un tournant de leur relation économique
L’Afrique subsaharienne accélère
une transformation entamée il y a dix ans
Une croissance continue
en partie endogène
Derrière cette émergence, des Afriques subsahariennes se dessinent
Des acteurs économiques (pan)africains
se sont constitués
Des changements structurels en cours
Des potentialités économiques
impressionnantes
Des défis mondiaux et continentaux
à partager
Les risques climatiques et alimentaires sont
une menace pour le développement
L’urbanisation, des enjeux
et des défis majeurs
La croissance économique peine
à créer un développement social
et humain suffisant
L’insécurité reste
une préoccupation forte
Des besoins immenses pour libérer
le potentiel africain
Une compétition économique mondiale
se joue en Afrique subsaharienne
La concurrence est devenue
mondiale et s’intensifie
L’attractivité du continent croît
fortement auprès des investisseurs
La France ne cesse d’y perdre
des parts de marché
La dynamique subsaharienne,
une chance pour la France La France a déjà bénéficié
de la croissance africaineLa croissance africaine représente
un potentiel de plus de 200 000 emplois
sur les dix prochaines années
Les entreprises françaises sont
déjà positionnées dans les principaux
marchés africains
L’Afrique, un enjeu majeur pour
la France qui dispose de nombreux atouts
L’Afrique et la France partagent les hommes,
la culture et la langue
La France est un acteur économique
local important
L’Afrique reste la priorité de la politique
française de développement
Puissance maritime et militaire,
la France contribue à la sécurité
du continent africain
Une relation économique franco-africaine
à renouveler
Les visas, frein important de l’influence
économique de la France
Une perception très contrastée de l’Afrique
par les entreprises françaises La France n’assume pas assez
ses intérêts économiques en Afrique
Neuf propositions pour un agenda
économique partage au service
d’une croissance africaine et française
Promouvoir les échanges
de capital humain
Rénover les procédures de visas économiques
et leur mise en œuvre
Promouvoir la formation en Afrique
Contribuer au réinvestissement
des élites africaines en Afrique
Identifier et valoriser les jeunes
talents économiques africains
Promouvoir la mixité
dans l’économie
Diversifier les outils de financement
Compléter les instruments existants
en faveur des infrastructures
Contribuer à sécuriser
les investissements
Ouvrir le financement de l’économie
Renforcer les instruments financiers européens
en faveur de l’Afrique
Renforcer les échanges entre banques de développement
Développer des partenariats
industriels dans les secteurs clés
Mobiliser les secteurs d’excellence
française
Contribuer à l’agenda africain
du développement durable
Contribuer à la valorisation
et à la transformation
des ressources naturelles
Des partenariats pour une agriculture
productive et soutenable qui concourent
à la sécurité alimentaire du continent
Des partenariats dans
le développement urbain
Des partenariats dans le domaine des infrastructures de l’énergie
et des transports
Investir dans les industries culturelles
et l’économie numérique
Promouvoir l’économie
responsable et l’engagement sociétal
des entreprises
Soutenir l’intégration économique
de l’Afrique
Appuyer la consolidation et l’élargissement
du droit des affaires harmonisé
par l’OHADA
Appuyer l’élargissement
de la « Zone CFA » pour en faire
un bloc régional renforcé
Faciliter l’accélération de l’intégration
régionale et interrégionale
Cinq propositions pour remobiliser
la France aux cotés d’une Afrique
subsaharienne en marche
Réinvestir tous les leviers d’influence
française sur le continent
Adopter rapidement une démarche structurée
de relations de haut niveau
Investir les instances économiques
pour faire levier sur le lien d’affaires
Utiliser davantage les relais
d’intérêts français
Relancer la présence économique française
en Afrique
S’appuyer sur les succès économiques
des franco-africains
Familiariser davantage de jeunes
avec l’Afrique subsaharienne
Réinvestir le réseau économique
en Afrique subsaharienne
Associer davantage les collectivités
locales à la politique nationale
Relancer la coopération technique
en Afrique subsaharienne
Intensifier le dialogue économique
entre l’Afrique et la France
Intensifier le dialogue stratégique
entre l’État et le secteur privé
Recréer une veille économique tournée vers l’Afrique subsaharienne
Multiplier les instances
de concertation et de rendez-vous
partenarial
Faciliter l’investissement des entreprises
françaises en Afrique subsaharienne
Accorder une garantie publique
aux risques politiques
Mieux partager l’information
économique sur l’Afrique
Favoriser l’assemblage technique
des offres commerciales françaises
Assurer un continuum entre financement des entreprises et du développement
Développer l’offre française
en investissements financiers
Renforcer l’attractivité africaine
de la France
Conforter la France comme place économique, financière et culturelle africaine
Favoriser la mobilisation de l’épargne des diasporas au service
de l’investissement en Afrique
Bâtir des partenariats avec des pays tiers
Conclusion : une fondation franco- africaine pour incarner et porter ce renouveau
Carte des États d’Afrique
Carte des organisations
régionales africaines
Classification des pays d’Afrique
Personnes rencontrées par la mission
La France et l’Afrique subsaharienne se trouvent à un tournant
de leur relation économique
L’Afrique subsaharienne accélère une transformation entamée il y a dix ans
Une croissance continue en partie endogène
Des performances macroéconomiques structurelles
L’Afrique subsaharienne connaît une croissance stable et robuste sur les dix dernières années, plus rapide que sa croissance démographique et dont le niveau est largement supérieur à la moyenne mondiale. L’Afrique subsaharienne a atteint un taux de croissance de 5 % par an en moyenne entre 1995 et 2005, qui s’est élevé à 6,5 %, entre 2004 et 2008 soit bien au-dessus de la moyenne mondiale de 4,6 % et du taux de croissance annuel moyen de 3 % atteint entre 1990 et 2000. La croissance du PIB réel par habitant s’est élevée à 4,2 % entre 2004 et 2008 et atteint 2,8 % en 2011
.
Si la crise économique internationale de 2008-2009 a freiné cette dynamique de croissance, l’Afrique subsaharienne a montré une grande capacité de résilience avec une croissance de 5,4 % en 2010, de 5,3 % en 2011 et de 4,8 %, en 2012
. Sur la période 2005-2010, le continent africain se classe en seconde position derrière l’Asie (7,6 % contre 4,8 %
).
En 2010, dix pays africains figurent dans les quinze pays qui ont connu la croissance la plus forte au monde tous continents confondus
. La croissance du PIB se maintient dans les projections pour 2013 et 2014 (respectivement 5,6 % et 6,1 %). La croissance du PIB réel par habitant devrait atteindre 3,5 % en 2013
.
La croissance de l’Afrique subsaharienne se caractérise par de bons indicateurs macroéconomiques, une inflation en diminution, notamment après la flambée des prix des produits alimentaires et des carburants survenue en 2011
(15 % en 2000 contre 8,9 % en 2012
), une réduction des déficits budgétaires (le solde budgétaire, hors dons, est même positif entre 2004 et 2008, à hauteur de 0,4 % du PIB
) et une maîtrise de la dette extérieure (23,7 % en 2012 du PIB contre 62,6 % en 2000
).
Même si elle ne représente que 2 % du commerce mondial, l’Afrique a connu la plus forte croissance dans les échanges internationaux entre 2000 et 2011.
De fait, le poids du marché africain dans les échanges internationaux a progressé, passant de 1 % à 2 % en une décennie. L’insertion de l’Afrique dans le commerce mondial se fait à un rythme plus élevé que sa croissance économique, la progression des échanges dépassant celle des richesses. Entre 2000 et 2011, les importations totales d’Afrique subsaharienne ont cru de 16 % en moyenne annuelle, dépassant largement le rythme du commerce mondial (+ 10 % par an) et celui du Proche et Moyen-Orient (+ 14 % par an), de l’Asie-Océanie (+ 13 %) et de l’Afrique du Nord (+ 13 %). Seuls les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) ont connu une croissance de leurs importations plus forte que l’Afrique subsaharienne, autour de 20 % par an en moyenne
.
De gigantesques investissements dans les infrastructures sont annoncés, à hauteur de 72 Md USD d’investissements par an
, qu’elles soient ferroviaires (tronçon ferroviaire entre Dakar, N’Djamena et Djibouti, aménagement de la voie ferrée Abidjan-Ouaga de 1 300 km), routières (projet de combinaison des autoroutes transafricaines entre Dakar et N’Djamena et entre N’Djamena et Djibouti représentant une distance totale de 8 715 km
), portuaires (projet de construction par une filiale du groupe Maersk d’un méga-port au Nigeria, à une cinquantaine de km de Lagos, pour absorber la croissance du trafic des conteneurs, prévu de passer à 10 millions d’EVP d’ici 30 ans contre 1,5 million en 2011
), dans le domaine de l’énergie (construction d’un gazoduc long de 4 300 km entre le Nigeria et l’Algérie via le Niger
) ou du numérique (Google envisage de mettre en place des réseaux sans fil en Afrique subsaharienne comme en Asie du Sud-est, en finançant des opérateurs locaux
, les récents investissements dans les câbles sous-marins se multiplient pour plusieurs milliards de dollars
).
La croissance de l’Afrique subsaharienne se traduit par une hausse spectaculaire des flux aériens : l’Afrique est considérée comme le second marché le plus attractif juste derrière l’Asie et Boeing prévoit un taux moyen de 5,7 % d’augmentation par an du trafic passager annuel jusqu’en 2031 ; le nombre des avions de ligne est prévu d’augmenter de 600 à 1 400 dans les vingt années à venir sur le continent
. De même, la croissance attendue des échanges commerciaux par voie maritime est très forte, de 10 à 12 % par an, alors que 95 % des échanges commerciaux de l’Afrique se font par voie maritime
.
Les avancées sociales sont également très significatives. L’amélioration de l’indice du développement humain du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) a atteint 15,6 % en Afrique subsaharienne entre 2000 et 2010
. Les indicateurs relatifs à la santé, à l’éducation et au genre sont en progression dans toute l’Afrique subsaharienne sur la même période
 ; le taux de scolarisation a fortement augmenté, notamment en forte proportion chez les filles, les pandémies régressent (tuberculose, sida), la mortalité infantile recule, l’espérance de vie s’allonge selon le PNUD.
Enfin, la place des femmes dans la vie politique et économique est grandissante en Afrique. Le Libéria et le Malawi ont élu une femme à la tête de l’État. Sur les 36 chambres basses parlementaires dans le monde qui accueillent une proportion d’au moins 30 % de femmes, soit le seuil généralement considéré pour avoir un véritable impact sur la décision, 11 sont africaines. À la fin de l’année 2012, les femmes représentaient un cinquième des parlementaires en Afrique subsaharienne, soit une augmentation de 7 points de pourcentage en dix ans. Au Rwanda, le nouveau Parlement installé en octobre 2013 comprend 64 % de femmes contre 42 % en Afrique du Sud
.
Une croissance alimentée par des flux financiers externes
Cette croissance a été portée par des facteurs exogènes, exportations en hausse, allègements des dettes et flux financiers des diasporas africaines.
La hausse du cours des matières premières (hydrocarbures naturels et produits agricoles notamment) qui est survenue au cours des années 90 et surtout au début des années 2000, tirée par la hausse des revenus et de l’urbanisation dans les pays émergents, a contribué à améliorer les termes de l’échange (indice 138 en 2012 pour un indice de base 100 en 2000
) et doper les exportations de l’Afrique subsaharienne (elles ont connu un bond de 117 % entre 2000 et 2010, elles représentent 37,3 % du PIB en 2012 contre 26 % en 1990
).
Cette croissance des exportations a permis d’améliorer la situation des finances publiques. Les balances des paiements courants sont positives pour la plupart des pays africains. Elle a également favorisé l’accumulation de devises : entre 2004 et 2012, les réserves de change des pays d’Afrique subsaharienne ont augmenté de 60 % 
; les réserves de change africaines sont aujourd’hui estimées à 500 Md USD. Enfin, elle a soutenu l’attraction des investissements étrangers, en particulier ceux en provenance des économies émergentes (principalement de la Chine), dans le secteur des industries extractives. Les flux d’IDE dans toute l’Afrique ont atteint un niveau record de 53 Md USD en 2007 après avoir connu un taux de croissance moyenne de 0,4 % en 2000.
Parmi les flux d’aide publique au développement, les opérations d’allègements de dettes consenties au titre de l’Initiative pays pauvres très endettés (PPTE) lancée par le FMI et la BM en 1996 complétée en 2005 par l’Initiative d’allègement de la dette multilatérale (IADM) ont permis de désendetter très fortement les États africains. S’ajoutant aux efforts bilatéraux additionnels, aux réformes en matière de gestion macroéconomique et financière et aux conditions macroéconomiques favorables, elles ont permis de diviser la dette extérieure totale de l’Afrique pratiquement par quatre en proportion du PIB entre 1994 et 2010, pour s’établir à 20 % du revenu national brut et rejoindre la moyenne des pays en développement (PED). Le service de la dette externe a été divisé par trois et représente moins de 5 % des exportations de biens et services en 2009
. Au total, sur les 110 Md USD de dettes annulées par ces initiatives, 93 Md USD l’ont été au profit des pays d’Afrique subsaharienne
.
Les flux financiers issus des migrants en direction de l’Afrique subsaharienne, estimés à plus de 30 Md USD en 2012, auraient quadruplé depuis 1990
et représentent un peu moins de l’équivalent des flux d’APD nette versée par les pays du CAD selon la Banque mondiale (47 Md USD en 2011). Ces estimations sont sans doute bien en-deçà de la réalité, compte tenu du volume très important des transferts réalisés informellement. Globalement, les flux financiers externes à destination de l’Afrique ont quadruplé depuis 2001 et atteint un niveau record en 2012
.
La croissance africaine s’est également nourrie des facteurs internes
Les facteurs externes n’expliquent qu’une partie de ce dynamisme, la croissance africaine s’étant maintenue après que le prix des matières premières est retombé à partir de 2008. La croissance africaine comporte une forte part endogène, c’est-à-dire qu’elle s’est nourrie de facteurs internes.
En particulier elle s’est nourrie fortement de la consommation intérieure portée par un marché intérieur solvabilisé par l’émergence d’une classe moyenne urbanisée. Les classes moyennes
représenteraient entre 300 et 500 millions d’individus dans toute l’Afrique soit environ un tiers de la population continentale selon la Banque africaine de développement (BAfD), soit une proportion équivalente à celle de l’Inde. Le rythme soutenu de la consommation finale des ménages (+ 4,4 % en moyenne par an entre 2000 et 2010
) a été alimenté en partie par les flux financiers liés aux transferts de migrants
.
Ainsi, en Angola, la consommation privée a augmenté de 14,7 % (1,6 % en 2011), stimulée en partie par l’augmentation des salaires du secteur public (+ 6,1 % en 2012) et par l’expansion des secteurs non pétroliers, la construction et le commerce de détail principalement.
En Afrique du Sud c’est même l’effectif de la classe moyenne supérieure (revenu mensuel après impôts de 10 000 rands constants de 2008, soit environ 1 200 USD) qui a progressé, passant de 0,4 million de personnes en 1993 (soit 1,1 % de la population) à 0,8 million (1,9 %) en 2000 puis 1,3 million (2,8 %) en 2008.
De manière nouvelle également, les facteurs technologiques ont joué un rôle clé, notamment le boom de la téléphonie mobile (500 millions d’abonnés à la téléphonie mobile en Afrique en 2012 contre 250 en 2008
) et des usages du numérique (77 millions d’Africains avaient accès à Internet en 2010 contre 27 millions en 2007
).
L’émergence d’une nouvelle génération d’Africains ayant un niveau d’éducation très élevé a également été un moteur de cette croissance africaine. Elle constitue le socle de l’avenir économique du continent.
La croissance a été également portée par une phase historique de relative stabilité politique et par le rôle croissant de la société civile. Sur les dix dernières années, l’Afrique subsaharienne a connu une diminution des conflits (la part de l’Afrique dans les conflits violents dans le monde est passée de 55 % en 2002 à 24 % en 2011
), des transitions électorales réussies qui se sont souvent accompagnées d’une meilleure gestion de l’économie
. La baisse globale du niveau de violence civile s’est combinée à l’accroissement de la protestation publique, signe d’une expression collective de la contestation plus pacifique et démocratique
.
Derrière cette émergence, des Afriques subsahariennes se dessinent
Un continent économiquement hétérogène
Le continent africain est animé par des dynamiques économiques différentes. L’Afrique subsaharienne compte 49 pays aux situations et aux atouts très variés. Les grands pays, en taille et en population (Nigeria, Afrique du Sud, Éthiopie, Soudan, République démocratique du Congo [RDC]…) disposent théoriquement d’un marché intérieur susceptible de tirer la croissance endogène, contrairement à des pays moins peuplés (Congo-Brazzaville, Togo, Gabon, Botswana…). Par ailleurs, les pays qui disposent d’une façade maritime sont naturellement davantage tournés vers les exportations (Ghana, Côte d’Ivoire, Cameroun…) que les pays enclavés (Burkina Faso, Rwanda) ou ceux qui connaissent des coûts de transit élevés, qui doivent compter sur des marchés régionaux pour vendre leurs produits et services.
Les pays africains eux-mêmes sont également loin d’être homogènes. Le Nigeria du Nord, plus pauvre et à majorité musulmane, s’oppose au Nigeria du Sud des ports et du pétrole. Au Ghana, d’importantes disparités géographiques existent également entre le Sud (le « grand Accra » qui regroupe environ un cinquième de la population du Ghana) et le Nord ainsi que le reste du pays, des régions qui sont encore loin d’avoir bénéficié des effets de la croissance.
Une richesse inégalement répartie
entre pays
Deux économies dominent l’Afrique subsaharienne : l’Afrique du Sud et le Nigeria.
Avec un PIB de 269 Md USD en 2012
, soit 21 % du PIB de l’Afrique subsaharienne, l’Afrique du Sud reste la première économie du continent et la première puissance diplomatique régionale, même si elle a souffert plus fortement du ralentissement économique en raison de son insertion dans l’économie mondiale. Elle rassemble 80 à 90 % des opérations de private equity en Afrique subsaharienne
et représentait 85 % du total de la capitalisation boursière d’Afrique subsaharienne en 2008
.
Le Nigeria, pays le plus peuplé d’Afrique avec 162 millions d’habitants, est le premier producteur de pétrole du continent et représente le second PIB du continent. Porté par une croissance économique très soutenue (+ 6,3 % en 2012 selon le FMI), le Nigeria deviendrait la première puissance économique africaine d’ici 2020.
La puissance économique du continent est concentrée au sein d’un petit groupe de pays pour la plupart exportateurs de pétrole.
En 2011, huit pays africains concentrent 72 % du PIB total : Afrique du Sud, Nigeria, Angola, Éthiopie, Égypte Algérie, Maroc et Tunisie. Parmi les quatre pays subsahariens, deux sont exportateurs de pétrole : Nigeria et Angola.
Les pays exportateurs de pétrole affichent des taux de croissance plus favorables (6,4 % en 2012) que les pays à revenus intermédiaires (3,3 % en 2012) et les États fragiles
. L’écart de PIB en dollar courant entre les pays à revenu intermédiaire et les États fragiles a plus que doublé en vingt ans, passant de 114 Md USD en 1990 à 408 Md USD
.
Les pays d’Afrique anglophones et lusophones affichent les meilleures performances et un marché intérieur en expansion
Les économies les plus dynamiques actuellement sont majoritairement en Afrique anglophone et lusophone. De 1996 à 2008, les pays dont le taux moyen de croissance par habitant a été supérieur à 2 % sont pour l’essentiel des pays non francophones : l’Angola, le Botswana, le Cap-Vert, la Guinée équatoriale, l’Éthiopie, le Ghana, le Lesotho, Maurice, le Mozambique, la Namibie, le Nigeria, le Rwanda, Sao-Tomé et Principe, l’Afrique du Sud, le Swaziland, la Tanzanie, l’Ouganda, le Burkina Faso et le Tchad
.
Sur la période 2000-2010, les plus fortes croissances moyennes annuelles ont été réalisées au Sud du Sahara par la Guinée équatoriale, l’Angola, le Nigeria, le Sierra Leone, l’Éthiopie, le Rwanda, le Tchad, le Mozambique, l’Ouganda et la Tanzanie. Sur la période plus récente couvrant les années 2008 à 2012, les plus fortes croissances moyennes annuelles ont été le fait de la Sierra Leone, du Zimbabwe, du Ghana, de l’Éthiopie, du Rwanda, du Nigeria, du Mozambique, de la Zambie, du Libéria et de la Tanzanie
.
En prenant un indicateur plus large que l’évolution du PIB, l’indice global de compétitivité du World Economic Forum (WEF) établi sur 144 pays classe l’Afrique du Sud en 52e position, puis Maurice (54e), le Rwanda (63e), le Maroc (70e), les Seychelles (76e), le Botswana (79e) enfin la Namibie (92e).
La plupart des pays cités pour la qualité de leurs performances structurelles sont également anglophones et lusophones. Des pays tels que le Ghana, le Rwanda, l’Ouganda, la Tanzanie, le Mozambique ou le Kenya affichent un bon taux d’épargne et d’investissement, ont diversifié les sources de leur croissance, dirigé l’aide vers les infrastructures, assuré la promotion du secteur privé local, mené des réformes orientées vers la protection sociale, l’éducation, la formalisation et le financement de l’économie.
En Afrique de l’Ouest, le Ghana reste à l’échelle du continent africain un modèle de stabilité, notamment politique. Ses performances très élevés en termes de croissance (son taux de croissance annuelle atteint + 13,6 % en 2011, soit la seconde performance au plan mondial, et + 7,5 % en 2012, avec une moyenne supérieure à 5 % sur les dix dernières années) reposent très largement sur une stabilité politique
, une économie diversifiée et des richesses minières et pétrolières bien gérées.
L’économie ghanéenne est ouverte aux échanges commerciaux comme aux investissements étrangers. Pays à revenu intermédiaire (37 Md USD de PIB, 1 680 USD par habitant) et troisième plus gros receveur d’investissements directs étrangers (IDE) en Afrique subsaharienne
, les investissements dans les TIC permettent au Ghana d’avoir le coût d’Internet mobile le plus faible de toute l’Afrique subsaharienne
et de rendre Internet accessible à environ un tiers des Ghanéens.
L’amélioration de l’environnement des affaires, à travers notamment la création de juridictions commerciales ou du renforcement des institutions de crédit, a permis d’attirer de grands groupes internationaux et développer des entreprises locales
.
En Afrique de l’Est, le Kenya est considéré comme un grand marché en devenir. Ce pays est le cœur économique de l’Afrique de l’Est qui rassemble plus de 200 millions d’habitants. La zone est stable et dotée d’une forte croissance économique, le Kenya a connu une croissance de 4,7 % en 2012 qui pourrait atteindre 5,8 % en 2013 selon le FMI.
L’Éthiopie, deuxième pays le plus peuplé d’Afrique avec environ 92 millions d’habitants en 2012, est présentée comme un futur « tigre africain ». Même si l’Éthiopie reste l’un des pays les plus pauvres au monde (173e rang sur 187 pays pour l’indicateur de développement humain du PNUD), avec un PIB par habitant de 471 USD par an
et des indicateurs sociaux parmi les plus bas au monde (taux d’inscription scolaire dans le secondaire de 38 % et espérance de vie de 58 ans selon la Banque mondiale), ce pays bénéficie d’une gouvernance fiable
et de richesses hydrauliques qui vont approvisionner la région en électricité et facilitent l’entrée de devises.
Devenu progressivement un « atelier » agricole et industriel, affichant de réels progrès dans le domaine de la santé
, son taux de scolarisation atteint 100 % dans le primaire et sa croissance économique moyenne a été supérieure à 10 % entre 2004 et 2011 selon la Banque mondiale. Alors que le pays ambitionne d’atteindre le stade de pays à revenu intermédiaire d’ici 2025, le gouvernement table sur une croissance économique annuelle comprise entre 11 et 14 % sur la période 20102015, tandis que le FMI prévoit une croissance annuelle moyenne d’environ 6,8 %.
L’Angola et le Mozambique sont, dans la région d’Afrique australe, les deux économies les plus dynamiques avec respectivement 6,2 % et 7 % de croissance prévus en 2013. Ces deux pays lusophones présentent également une grande stabilité politique. L’Angola, grâce à sa rente pétrolière, a réalisé des investissements dans les infrastructures et créé un fonds souverain qui lui permet notamment de racheter aujourd’hui des actifs y compris à l’extérieur du pays au Portugal. La richesse minière et pétrolière potentielle du Mozambique devrait lui permettre de devenir dans les dix prochaines années l’« eldorado » des matières premières.
En termes de consommation privée, les sept premiers pays subsahariens en 2011 sont anglophones et lusophones : Afrique du Sud, Angola, Ghana, Kenya, Nigeria, Soudan, Éthiopie
. Selon le classement Forbes des grandes fortunes africaines, la cinquantaine de grandes fortunes (1,5 Md USD en moyenne) est concentrée en Angola, Kenya, Nigeria, Afrique du Sud, Tanzanie, Ouganda et Zimbabwe
.
Perspectives économiques régionales : Afrique subsaharienne, FMI, octobre 2012.
World Economic Outlook Database, FMI, avril 2013.
« Misperception of Risk and Return in Low Income Countries », Roland Berger Strategy Consultants, juin 2012.
« Libérer le potentiel de l’Afrique en tant que pôle de croissance mondiale », Commission économique pour l’Afrique, Union africaine, Rapport économique sur l’Afrique 2012.
Perspectives économiques régionales : Afrique subsaharienne, FMI, octobre 2012.
Ibid.
La Lettre de la Zone franc no 1, Banque de France, juillet 2013.
Perspectives économiques régionales : Afrique subsaharienne, FMI, octobre 2012.
World Economic Outlook Database, FMI, avril 2013.
Base CHELEM, CEPII, juin 2013.
« Infrastructure investment in Africa », Tonia Kanderio, EDRE Development Research Department, Office of Chief Economist, AFDB, no 10, août 2009.
« Le développement des infrastructures comme agent catalyseur de la croissance économique en Afrique », Commission de l’UA et NEPAD, 17e Forum pour le Partenariat avec l’Afrique (FPA), 16 novembre 2011.
« APM Terminals multiplie les projets en Afrique », Jeune Afrique Économie, 18 juin 2013.
« Le développement des infrastructures comme agent catalyseur de la croissance économique en Afrique », Commission de l’UA et NEPAD, 17e Forum pour le Partenariat avec l’Afrique (FPA), 16 novembre 2011.
Revue 01Business.com, juin 2013.
« Internet en Afrique : la fin du désert numérique ? », Laurent Checola, 18 février 2011.
« Les flottes africaines décollent », Christophe Le Bec, Jeune Afrique Économie, 24 octobre 2012.
« L’Afrique fait le bonheur des armateurs », Olivier Caslin, Jeune Afrique Économie, 27 décembre 2012.
L’IDH passe de 0,405 (2000) à 0,468 (2010), PNUD, août 2013.
Jusqu’en 2012, la seule baisse enregistrée pour l’éducation est la Guinée équatoriale selon le PNUD.
« Women are winning – Quota systems are transforming African parliaments », The Economist, 9 novembre 2013.
Regional Economic Outlook, FMI, 2013.
« Vers une nouvelle économie africaine ? », I&P Conseil, novembre 2012.
Ibid.
« Vers un endettement plus soutenable ? », Au Sud du Sahara no 2, AFD, janvier 2013.
« Misperception of Risk and Return in Low Income Countries », op. cit.
« Perspectives économiques pour l’Afrique subsaharienne. Questions et scénarios », Pierre Jacquemot, L’économie politique no 59.
Perspectives économiques en Afrique 2013.
Selon la BAfD, la population moyenne désigne la population dont le pouvoir d’achat quotidien oscille entre 2 et 20 USD (en parité de pouvoir d’achat 2005) et dont le salaire annuel dépasse 700 USD (« Misperception of Risk and Return in Low Income Countries », op. cit.).
« Vers une nouvelle économie africaine ? », I&P Conseil, op. cit.
Les flux financiers des migrants intra-africains sont évalués à 8 Md USD par la Banque mondiale (« World Bank Migration and Remittances Unit »).
« Emploi, Justice, Équité : les opportunités à saisir en période de bouleversements économiques, politiques et sociaux », Rapport 2012 sur les progrès en Afrique, Africa Progress Panel, 2012.
« Internet en Afrique : la fin du désert numérique ? », op. cit.
« Emploi, Justice, Équité : les opportunités à saisir en période de bouleversements économiques, politiques et sociaux », op. cit.
« African Governance Outlook, public financial reforms : the recent progress in Africa », mai 2012.
« Misperception of Risk and Return in Low Income Countries », op. cit.
Le PIB total d’Afrique subsaharienne s’élève 1 273 Md USD en 2012 selon le FMI.
« The rise of private equity in Africa : a promising drive for development », conférence de l’African Business Lawyers Club, juin 2013.
« Les marchés financiers en Afrique : véritable outil de développement ? », Revue Secteur privé et développement no 5, Proparco, mars 2010.
Perspectives économiques régionales : Afrique subsaharienne, FMI, octobre 2012. Le FMI distingue quatre groupes de pays : Pays pétroliers, Pays à revenu intermédiaire, Pays à faible revenu, États fragiles.
World Economic Outlook Database, FMI, avril 2013.
Ibid.
Ibid.
Le pays est classé 64e au classement « Doing Business » de la Banque mondiale et 62e au classement Transparency International sur la corruption.
« The new prosperity, Strategies for Improving Well-Being in Sub-Saharan Africa », The Boston Consulting Group et The Tony Blair Africa Governance Initiative, mai 2013.
Ibid.
Ibid.
FMI, 2012.
Le pays occupe la 50e place pour le critère « exécution des contrats » au classement 2012 « Doing Business » de la Banque mondiale.
« The new prosperity: Strategies for improving well-being in Sub-Saharan Africa », op. cit.
« Winning the $30 trillion decathlon : Going for gold in emerging markets », McKinsey Quarterly, août 2012.
Rapport Forbes établi avec la Société générale private banking (« Marchés émergents, les nouveaux créateurs de richesse », cité par Jeune Afrique Économie), 18 avril 2013.