LES AIRES RÉGIONALES ET LES PAYS
Amérique du Nord
Deux processus rythment l’actualité nord-américaine. L'un est vécu avec crainte, il s’agit des effets de la récession aux États-Unis, l’autre avec espoir, celui lié à l’arrivée au pouvoir de l’administration Obama. Tous deux illustrent les niveaux désormais élevés de l’intégration continentale.
Récessions en différé
Les dispositifs de l’ALENA ont favorisé la croissance continentale aussi longtemps que le moteur du système, les États-Unis, tournait à plein régime. Aujourd’hui, le ralentissement économique se propage avec néanmoins une différence d’intensité entre le Canada et le Mexique. Au Canada, la croissance a été positive en 2008 et ne s’est infléchie pour produire une récession que lors du premier trimestre 2009. Deux facteurs principaux expliquent ce décalage de près d’une année. Tout d’abord, le système bancaire canadien demeure fondamentalement sain et n’a pas été contaminé par les pratiques laxistes de crédit et d’endettement américaines. Les évaluations internationales sont toujours très favorables quant à la fiabilité des grandes banques, Royal Bank of Canada, ScotiaBank, Toronto-Dominion… D’autre part, les prix des matières premières – céréales, produits forestiers, hydrocarbures – qui constituent l’un des piliers de l’économie canadienne, ont continué à augmenter jusqu’en juin 2008. Néanmoins, l’économie canadienne commence à être pénalisée par la baisse des échanges commerciaux avec les États-Unis. La croissance du PIB est en recul de 1 % sur les premiers mois de 2009 et selon l’OCDE, le taux de chômage pourrait grimper à 7,5 % en 2011.
En mai 2009 le gouvernement mexicain a annoncé que la production industrielle avait reculé de 6 % depuis le début 2009. En fait, la très forte intégration des économies du Mexique et des États-Unis aboutit à une diffusion plus rapide de la récession états-unienne. Les exportations au-delà du Rio Grande, qui représentent le tiers du PIB mexicain ont chuté de près de 40 % en un an. Du « côté nord » les entreprises américaines ont gelé leurs investissements et entreprennent même de rapatrier les capitaux investis sur place. Il faut ajouter à ce tableau que les expatriés mexicains aux États-Unis sont eux-mêmes victimes de la Crise et réduisent leurs envois d’argent au pays. Le taux de chômage est donc passé en un an de 3,6 % à 5,3 %. Il en résulte le passage à une croissance nulle, voire négative du PIB et donc une récession qui semble être la plus sévère depuis la crise du peso en 1994. La seule consolation pour les Mexicains peut résider dans cette très forte connexion avec les États-Unis qui devrait aboutir à un redémarrage rapide du système productif dès que la reprise se manifestera du côté américain. La crise est donc désormais continentale, ce qui renvoie aux attentes à l’égard de la nouvelle administration à Washington.
En attendant Obama
Pendant la campagne électorale, Barack Obama avait insisté sur un « réengagement » des États-Unis dans l’ensemble des Amériques, appuyé sur une revalorisation des institutions internationales. En février 2009, le nouveau président a effectué un voyage de prise de contact au Canada et avant de se rendre au Sommet des Amériques à Port of Spain en avril, il a rencontré à Mexico le Président F. Calderón. De fait c’est ce Sommet qui marque l’entrée véritable du nouveau gouvernement dans le concert interaméricain. Selon les conseillers de la Maison Blanche, le Sommet des Amériques a évoqué trois groupes de défis communs, la crise économique et la relance de la croissance, la sécurité énergétique et enfin la sécurité publique. L'attitude américaine a été plus attentive et le Président a réaffirmé la part de responsabilité des États-Unis pour faire face à ces défis ainsi que son intérêt pour une relation plus équilibrée, fondée sur un régime d’alliances et de partenariats avec les états américains. Toutefois peu de concret est sorti de ce Sommet à part quelques gestes de bon voisinage ainsi que l’acceptation par les États-Unis d’un possible dialogue avec Cuba. Concernant la situation nord-américaine, les entretiens américano-mexicains d’avant Sommet ont porté sur les « problèmes communs » aux deux pays, à savoir la lutte contre le trafic de drogue, le contrôle des frontières et la relance économique, tous domaines où les États-Unis souhaitent « faire davantage » et appuyer les efforts mexicains.